TSAR DU JOUR

« Vas-y, mets une mine. Il faut viser la lune. La vie est… Mais il faut toujours viser la lune ! Même si on la rate, on finit dans les étoiles ». Cette phrase, déstructurée et poétique, n’est qu’une parmi d’autres dans le flot continu prononcé par le consultant de la chaîne BeIn Sports, Omar Da Fonseca, pendant le match Argentine-Islande (1-1).

Le match étant globalement médiocre, fait d’attaques maladroites argentines et de défense acharnée islandaise. Heureusement, il y avait les commentaires lyriques et automatiques de Da Fonseca. Il s’emporte, la voix cassée, s’énerve, perd le fil de sa pensée, se répète, pioche dans un dictionnaire imaginaire et juxtapose des mots pour inventer d’étranges expressions. Argentin de naissance, il a conté en direct le naufrage de son équipe et nous l’a fait partager.

« El poeta »

Les habitués des soirées de Ligue des champions connaissent bien Omar, ses dithyrambes incompréhensibles et enfiévrés à la gloire de Messi et ses adaptations improvisées de tubes français, toujours à la gloire de Messi. Mais la Coupe du monde attire de nouveaux téléspectateurs, pas toujours aussi ouverts aux iconoclastes. Les détracteurs d’Omar Da Fonseca lui reprochent de prendre trop de place au détriment du match, de déborder de son poste de consultant, de ne pas être impartial. Mais que vaut la partialité si elle ne nous donne qu’une narration soporifique et prévisible, avec des variantes de « pour battre cette équipe, il faudra marquer un but » pendant 90 minutes ? Nous préférons vivre le match comme le vit Omar, et le subir aussi, dans la tradition argentine de l’obsession footballistique. Parfois, comme ce samedi après-midi, ses essors syntaxiques sont presque plus intéressants que les dribbles de Messi qu’il décrit.

LA MERE PARTIE

On en oublierait presque qui l’a précédé sur le banc de la Mannschaft. Douze ans après avoir pris la sélection allemande, Joachim Löw ne semble pas pris d’envie d’ailleurs, malgré les appels du pied de plusieurs mastodontes européens, Real Madrid en tête. Plus fort encore, il est parvenu à se maintenir en ne déviant guère de son plan de jeu initial et de son immuable 4-2-3-1.

Low à la bouche. / PATRIK STOLLARZ / AFP

Löw débute son troisième Mondial, dimanche 17 juin, à Moscou, face au Mexique. La stabilité allemande s’écrit aussi sur la feuille de match. L’équipe alignée ressemblera fortement à celle sacrée il y a quatre ans, ou à celle sortie de l’Euro en demi-finales en 2016 par la France. Petite nouveauté : le jeune Timo Werner (22 ans) s’est installé en pointe, un poste squatté par l’auguste Miroslav Klose, meilleur buteur de l’histoire de la Coupe du monde, sous le règne de Löw.

A l’autre bout du terrain, Manuel Neuer a longtemps craint ne pas pouvoir garder les cages allemandes. Blessé toute la saison, il est revenu à temps pour les matchs de préparation et devrait, sauf surprise, disputer l’ensemble des rencontres du tournoi. En défense (Boateng, Hummels) et au milieu (Khedira, Kroos, Ozil, Muller), le gardien revenant du Bayern pourra se reposer des tauliers qui, déjà, connaissent le chemin jusqu’au titre suprême.

AU PAYS DE VLAD

Pas d’alcool, pas même une petite coupe. Elu homme du match malgré la défaite des siens face à l’Uruguay (0-1), le gardien égyptien Mohamed El-Shennawy a décliné le trophée. En cause ? La récompense porte les couleurs d’une marque de bière américaine, sponsor de la compétition. La consommation du breuvage est contraire aux croyances du rempart des « Pharaons ».

L’ŒIL DE MOSCOU

« Je saute, je me retourne et au moment où je me retourne, dans l’élan, il y a ma main qui touche le ballon. C’est très étonnant. »

C’est un Samuel Umtiti visiblement surpris qui est revenu sur l’erreur qu’il a commise et qui a donné l’égalisation (temporaire) aux Australiens. C’était vers 14 heures. Quand il a dû vérifier son téléphone, une fois sorti du stade, le défenseur de Barcelone s’est sans doute rendu compte que la photo de son erreur était devenue virale. Des internautes anonymes ont ajouté des éléments d’autres sports à la photo ou ont transposé sa détente, facile à détourer, sur d’autres terrains.

La boucle a été bouclée quand Umtiti lui-même a repris un des montages dans sa story Instagram en fin de journée. C’est sans doute ça que voulait dire le patron de la FFF, Noël Le Graët, en parlant d’une « génération qui a vraiment l’habitude de bien communiquer, et qui a un comportement d’adulte, de responsable, c’est pas des gamins. » Au moins, ça se prend moins au sérieux sur les réseaux que d’autres coéqupiers.

KOMINTERN

La Coupe du monde est surtout l’occasion pour les journalistes de recevoir une flopée de communiqués sans intérêt. Mais ce serait bête qu’ils meurent oubliés dans nos spams.

A la veille du Mondial, l’académie d’anglais en ligne ABA English nous a transmis une liste de sept expressions couramment employées par les commentateurs outre-Manche. Objectif ? « Que l’anglais ne vous laisse plus sur le banc de touche lors de la Coupe du monde ». La missive électronique a été transmise à Benjamin Mendy.

POUCHKINE BALL

La Gazette est aussi poète. Aujourd’hui, Alexandre Pouchkine prend la plume et nous parle du légendaire Omar da Fonseca.

« Il est accablé par les ans,

Les guerres, les travaux, les tourments,

Mais la passion bouillonne en lui :

En Mazepa, l’amour revit. »

Alexandre Pouchkine, Poltava

RUSSIA TODAY

Les matchs du dimanche 17 juin (à suivre en direct sur LeMonde.fr)

14 heures : Costa Rica - Serbie

17 heures : Allemagne - Mexique

20 heures : Brésil - Suisse

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