La gazette du Mondial : gants de feu, contre-espionnage et joie enfantine
La gazette du Mondial : gants de feu, contre-espionnage et joie enfantine
Par Luc Vinogradoff, Corentin Lesueur
L’Allemagne a perdu, le Brésil a été tenu en échec… mais le Mondial, c’est aussi s’incruster dans les entraînements adverses et sécher les cours pour fêter les buts.
LE TSAR DU JOUR
Chaud, Ochoa. / FRANCOIS-XAVIER MARIT / AFP
Le 17 juillet 2014, le Mexique arrivait, pour la première fois, à ne pas perdre contre le Brésil en Coupe du monde. Un 0-0 en phase de groupes arraché notamment grâce aux gants de Guillermo Ochoa. Le gardien sera un de leurs meilleurs joueurs jusqu’à l’élimination de sa sélection en huitièmes de finale face aux Pays-Bas. Quatre ans après, « Memo » Ochoa a commencé sa Coupe du monde comme il avait fini la dernière : en étant décisif.
Son arrêt d’un tir de Toni Kroos, lors de la victoire historique de son équipe face à l’Allemagne (1-0), rappelait celui qu’il avait réalisé contre Neymar il y a quatre ans : une incroyable détente et une main ferme au moment où son équipe avait le plus besoin de lui.
Dans ce match, les Allemands ont tiré 26 fois en direction du but mexicain et ont cadré neuf frappes. Ochoa les a toutes arrêtées. Aucun gardien mexicain n’en avait arrêté autant depuis la Coupe du monde 1966. Il est devenu le deuxième de l’histoire à avoir empêché et l’Allemagne, et le Brésil, de marquer le moindre but dans cette compétition. Au coup de sifflet du match, l’Institut des affaires géologiques mexicain a détecté un tremblement de terre « artificiel » à Mexico, qui était autant dû au but victorieux de Hirving Lozano qu’aux gants de l’ancien gardien de l’AC Ajaccio.
LA MÈRE PATRIE
Vaccinés par des décennies d’échecs et humiliations dans les grosses compétitions, les Anglais se montrent discrets depuis leur atterrissage en Russie. L’heure est à l’humilité après un Mondial 2014 sans la moindre victoire et la claque retentissante face à l’Islande, il y a deux ans, à L’Euro.
Symbole du « renouveau » promis par la fédération, l’entraîneur Gareth Southgate a fait le ménage (non-sélection de Wayne Rooney) et privilégié un effectif jeune (26 ans de moyenne). Le sélectionneur n’a pas besoin qu’on lui rafraîchisse la mémoire sur la scoumoune britannique : joueur, il a raté le sixième penalty en demi-finales de l’Euro 96, face à l’Allemagne.
Les Anglais se rendent déjà. / PAUL ELLIS / AFP
Pour sa campagne russe, il s’est reposé sur ce qui se fait de mieux dans le championnat domestique. Deuxième de la dernière saison, Tottenham est le premier fournisseur. Parmi les cinq Londoniens choisis : Harry Kane. Fort de ses 41 buts inscrits ces douze derniers mois, l’attaquant, transparent il y a deux ans à l’Euro, est particulièrement attendu. Inventeur du jeu, l’Angleterre n’en a plus connu le dernier carré de sa grande compétition depuis sa victoire dans son Mondial, en 1966.
AU PAYS DE VLAD
La Corée du Sud sait faire preuve d’ingéniosité en matière de contre-espionnage. Point de nouvel épisode de tension avec son voisin du Nord, mais la volonté de préserver le secret sur sa sélection avant son entrée en lice.
Partant d’une fine observation – « Il est très difficile pour les Occidentaux de différencier les Asiatiques » – le coach Shin Tae-young a fait porter de faux numéros à ses joueurs lors des matchs de préparation. Seul le meilleur d’entre eux – Son Heung-min – et son capitaine – Ki Sung-yueng – ont échappé à la tromperie arithmétique.
Les Sud-Coréens ont eu le nez plutôt creux. Les Suédois, qu’ils rencontrent ce lundi à 14 heures, ont avoué avoir tenté d’assister à une séance d’entraînement des Asiatiques, pourtant dirigée sous le sceau du huis clos, en Autriche, avant leur arrivée en Russie. Toutes les techniques sont bonnes pour sortir vainqueur de l’affrontement entre les deux équipes annoncées comme les plus faibles du groupe F (où les accompagnent l’Allemagne et le Mexique).
L’ŒIL DE MOSCOU
« Cette vidéo spontanée montre bien comment les Uruguayens vivent le football. Ces petits garçons et ces petites filles savaient très bien que le but pouvait venir à ce moment-là. »
¿Es solo fútbol? 👕 https://t.co/6RumM6x0bb
— decanocom (@decano)
Cette courte vidéo a été diffusée quelques heures après la victoire à la grinta de l’Uruguay contre l’Egypte. On voit, dans une salle de classe, de jeunes Uruguayens et Uruguayennes suivre les dernières minutes du match et devenir fous quand Jose Maria Gimenez marque à la toute fin. Elle a été vue plus de 2 millions de fois, et mis les larmes aux yeux, on imagine, à autant de personnes.
Le site uruguayen Decano, qui l’a reçue et diffusée, a remonté le fil pour savoir dans quelle école cette vidéo avait été filmée, pour remercier les professeurs et les élèves de ce moment de joie intense et pure vu par toute la planète.
Et rappeler au monde qu’en Uruguay, dès la naissance, le football et la souffrance sont liés dans les esprits. « Dès notre plus jeune âge, écrivent-ils, on sait qu’une telle action est peut-être la dernière occasion de gagner le match. C’est pour ça que les enfants étaient tous debout, à encourager. On ne sait pas pourquoi, nous Uruguayens aimons ce triomphe agonique, nous le préférons à une victoire 5-0. »
KOMINTERN
La Coupe du monde est surtout l’occasion pour les journalistes de recevoir une flopée de communiqués sans intérêt. Mais ce serait bête que ces derniers meurent oubliés dans nos spams.
L’institut Harris Interactive se fait payer au sondage, peu importe l’intérêt de celui-ci. Celui sur « les éventuels changements d’habitudes des Français sur leurs achats et leur consommation pendant la Coupe du Monde de football » nous fait découvrir que l’intérêt pour suivre les matchs « est encore plus fort auprès des hommes », que 41 % des personnes qui vivent avec nous dans ce pays « associent cet événement à la notion de plaisir » et que, globalement, « les Français déclarent vouloir davantage échanger, commenter et partager » d’ici au 15 juillet.
POUCHKINE BALL
La Gazette est aussi poète. Aujourd’hui, Alexandre Pouchkine prend la plume pour parler de Luis Inacio Lula Da Silva, ex-président brésilien, actuel emprisonné (pour détournement de fonds) et futur chroniqueur sportif sur la chaîne VTV. Belle reconversion.
« Et le bonheur était si proche,
Si possible… Mais le destin
A tranché. J’ai agi peut-être
Trop vite. »
Alexandre Pouchkine, « Eugène Onéguine »
RUSSIA TODAY
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