L’avis du « Monde » – on peut éviter

En 2015, avec Haramiste, le réalisateur-scénariste Antoine Desrosières s’était payé le culot d’aller voir ce qui se cachait sous le voile de deux adolescentes, lesquelles bouleversaient les idées reçues par la malice dont elles usaient pour contourner les interdits et satisfaire leurs désirs. Trois ans plus tard, le cinéaste prolonge son exploration avec un long-métrage qui met en scène, dans une cité de banlieue, quatre jeunes gens aux prises avec une sexualité empêchée par les conventions culturelles et religieuses.

Abrupt dans son propos, rustre dans ses dialogues logorrhéiques, économe dans sa forme, le long-métrage,qui a été présenté au Festival de Cannes dans la sélection Un certain regard, met à rude épreuve. Et crée un réel malaise.

Yasmina et Rim sont deux sœurs dont la complicité se mesure aux interminables heures qu’elles passent à discuter autour de rien. Chacune, flanquée d’un petit ami – aussi crétin l’un que l’autre –, va devoir répondre à la demande pressante et obsessionnelle des garçons. A savoir, se plier à la fellation. Cet acte sexuel, moins objet de désir que de revendication et de pouvoir pour les mecs, de soumission ou de refus émancipateur pour les filles, se pose comme sujet central et omnipotent du film. Jusqu’à fournir matière à une intrigue. Après avoir accepté de faire une « gâterie » au petit ami de sa sœur absente, Yasmina va devenir la victime d’un chantage qui va tout bouleverser.

Une grande vacuité

Répété durant quatre mois, coécrit par ses interprètes féminines, Souad Arsane et Inas Chanti, filmé en dix-huit jours, A genoux les gars déroule une tchatche ininterrompue, fruit d’une écriture mêlée d’improvisations dont l’écho ne fait que renvoyer une grande vacuité. Dotés d’un vocabulaire qui ne comprend pas plus d’une quarantaine de mots, les protagonistes – servis par des acteurs dont le jeu flotte parfois autant que leur discours – privent le film du relief auquel on ne cesse d’espérer.

En attente d’un positionnement là où tout est mis au même niveau, d’un comique revendiqué plutôt que soumis à l’indulgence du langage pratiqué, de ruptures qui modulent ce chant monocorde. Amputé de ces qualités, le film installe une gêne qui ne relève pas tant du sujet traité que de la complaisance à laquelle il s’assujettit pour en rendre compte.

À GENOUX LES GARS Nouvelle Bande Annonce (Cannes 2018) Film Français Adolescent
Durée : 02:50

Film français d’Antoine Desrosières. Avec Souad Arsane, Inas Chanti, Sidi Mejai, Mehdi Dahmane (1 h 38). Sur le Web : www.rezofilms.com/distribution/a-genoux-les-gars