Avant France-Pérou, la basketteuse Sandrine Gruda présente son Iekaterinbourg
Avant France-Pérou, la basketteuse Sandrine Gruda présente son Iekaterinbourg
Par Anthony Hernandez
L’internationale française a joué neuf ans pour le club de l’Oural, le meilleur en Europe. Elle présente son ancienne ville d’adoption, où les Bleus disputent leur deuxième match contre le Pérou.
Vue de la ville d’Ekaterinbourg. / JORGE GUERRERO / AFP
A son arrivée à Iekaterinbourg, à l’hiver 2007, quelques mois après avoir signé son contrat, Sandrine Gruda débarqua dans un autre monde. De la capitale de l’Oural, elle ne connaissait que le club de basket, le prestigieux UMMC, adversaire en Euroligue de son précédent club, l’Union sportive Valenciennes Olympic (USVO). « Je n’avais rien vu et je n’avais même pas fait attention », dit-elle de son lieu de vacances, en Italie.
Le choc fut d’autant plus dépaysant. « Ouah ! je me suis demandé où j’étais tombée : une ville fantôme ? Il n’y avait pas grand-chose. J’avais l’impression d’avoir fait un bond en arrière. Pour vous dire, il n’y avait même pas de feux tricolores pour la circulation. Aujourd’hui, c’est inimaginable. Niveau commercial, il n’y avait pas encore de franchises connues. Le seul truc un peu sympa, c’était un Auchan. Et encore, c’était excentré, se souvient la Martiniquaise, L’hiver arrive très tôt là-bas. Les gens ne parlaient pas anglais. Le climat influe sur eux. Quand il fait froid, tu rentres vite chez toi après ta journée. Les débuts ont été dépaysants… »
La basketteuse passera finalement neuf hivers consécutifs à Iekaterinbourg. Chaque année, elle y joue d’octobre à mai. L’été, elle migre aux Etats-Unis pour disputer le championnat nord-américain. « Quand j’y étais, c’était en grande partie l’hiver, en avril, il neige encore parfois. En ce moment, vous voyez une ville en fleurs, des gens souriants, de la verdure. Je n’ai jamais eu l’occasion de profiter de cela », dit-elle.
Sandrine Gruda finit par s’adapter à sa vie en Russie. L’évolution de la ville y participe : « Les transformations ont commencé à partir de 2008, 2009. L’impulsion a été donnée par l’entreprise qui possède mon club, UGMK (UMMC en français, un immense groupe minier et de métallurgie). Imaginez, elle est propriétaire d’un hôtel cinq étoiles, d’une clinique qui porte son nom, d’une église, d’une banque… »
Le centre-ville d’Ekaterinbourg est charmant. / ANNE-CHRISTINE POUJOULAT / AFP
La sextuple championne de Russie habite tout près du palais des sports DIVS, où son club évolue à domicile. Petit à petit, elle trouve ses repères, se lie d’amitié en dehors du basket avec quelques personnes et apprécie la gastronomie locale : « Les saveurs sont intéressantes. Le bortsch bien entendu. Tu retrouves souvent des recettes comme le bœuf stroganoff ou l’apfelstrudel, très populaire ici, avec du raisin et de la cannelle. Et, bien sûr, les pelmeni, les délicieux raviolis dont les Russes raffolent [apparus dans l’Oural au XIVe siècle]… »
Elle se prend de passion pour une activité typique de la région : « J’adorais faire de la moto-neige. L’hiver, tout est connecté. Le lac est givré et tu peux passer aisément d’une forêt à l’autre. C’était le super pied. » Et découvre, ébahie, une autre tradition : « En janvier, il y a un rituel de purification. Tu creuses un trou dans la glace, une file de gens se forme et chacun se trempe plusieurs fois dans l’eau glacée. C’est entre minuit et trois heures du matin. Il y a une tente où l’on distribue du café et du thé. »
Les supporteurs des Bleus, les plus téméraires d’entre eux qui auront fait le déplacement à plus de 4 500 km de chez eux, n’auront pas la joie de se purifier le corps et l’esprit. En revanche, ils pourront apprécier les charmes estivaux de la ville. Même si la pluie est annoncée jeudi, lors du match contre le Pérou.
Sandrine Gruda a tenu à envoyer un message aux compatriotes qui découvriront son ex-ville d’adoption : « Allez voir la ville où j’ai vécu, c’est une belle ville, avec une histoire. Elle mérite le détour. C’est la quatrième ville de Russie. Si vous avez le temps, la région est magnifique. Les montagnes de l’Oural, où vous pourrez voir les pierres que l’on y retire. Il y a de belles marches à faire. Faites un détour par le palais des sports, là où j’ai joué si longtemps, tous les trophées que l’on a gagnés y sont exposés [deux Euroligues notamment]. »
L’été arrive tout doucement dans l’Oural. / ANNE-CHRISTINE POUJOULAT / AFP
Quelques conseils supplémentaires de la Campagne de Russie
— à visiter : l’église sur le sang versé en l’honneur de tous les saints resplendissants dans la Sainte-Russie ; la vue panoramique du haut du gratte-ciel Vysotsky ; une maison oblique et même un musée Boris Eltsine…
— à boire et à manger : pour les amateurs de vin, Provino, un bar à vin qui vient d’ouvrir, où l’on peut manger également. Pour les amateurs de bonne viande, Stroganoff grill, de très bonne facture.
L’Arena d’Iekatrinbourg. / JORGE GUERRERO / AFP
—N’hésitez pas à vous rendre à pied au stade, l’Arena d’Iekaterinbourg (beaucoup plus beau de l’extérieur qu’à l’intérieur). Du centre-ville, c’est un jeu d’enfant. Empruntez les rues parallèles au grand boulevard. Cela vous permet de découvrir les charmes cachés. Enfin, si vous êtes installé sur l’une de ces deux extensions sous forme d’immenses échafaudages, mieux vaut ne pas avoir le vertige.
Apparemment, on y voit à merveille de tout là haut. / A.H