Valerie Pecresse (à droite) le 20 mars à Bagneux (Hauts-de-Seine). / STEPHANE DE SAKUTIN / AFP

Un mois après l’allocution du président de la République, Emmanuel Macron, sur les quartiers populaires, Valérie Pécresse présente son propre plan banlieue. L’objectif ? « Ramener la mixité sociale dans les quartiers et en finir avec les politiques de saupoudrage », résume-t-elle. La présidente (Les Républicains) de la région Ile-de-France n’avait pas caché sa « frustration » à la suite de la prise de parole du chef de l’Etat, le 22 mai à l’Elysée – un événement rassemblant 600 personnes auquel elle n’était « pas invitée », précise-t-elle. Elle a jugé les propositions d’Emmanuel Macron « décevantes » et a regretté l’abandon du rapport Borloo, dans lequel elle avait placé « énormément d’espoirs ».

« Jean-Louis Borloo avait posé le bon diagnostic, certaines de ses propositions étaient très intéressantes, souligne-t-elle. Mais l’exécutif est dans sa logique à lui et ne voit le sujet qu’à travers la question comptable. » Décidée à faire « avec ou sans l’Etat », l’ancienne ministre du budget de Nicolas Sarkozy a dévoilé, jeudi 21 juin, son « pacte pour les quartiers populaires », d’un montant de 3,2 milliards d’euros sur cinq ans, en petite partie financé par la vente du siège parisien de la région, qui devrait rapporter 150 millions d’euros.

Soutien scolaire

Parmi les mesures qui seront débattues en séance du conseil régional début juillet figure l’octroi d’un bonus de 50 % pour la rénovation ou l’installation d’un poste de police municipale dans l’un des 270 quartiers prioritaires de la politique de la ville (QPV) d’Ile-de-France, soit 150 000 euros au lieu de 100 000 euros. Autre proposition, destinée à lutter contre la désertification médicale : une aide financière pour la sécurisation (sas, caméras, porte blindée, grille à l’entrée…) des professionnels de santé (maisons de santé, médecins libéraux…) qui en font la demande.

Contre le décrochage scolaire, l’objectif est de parvenir, d’ici à 2022, à ce que 100 % des 30 000 décrocheurs scolaires de la région soient recontactés et que 50 % d’entre eux soient inscrits dans une structure de réinsertion. Une vingtaine de lycées devraient par ailleurs expérimenter l’ouverture le soir, le week-end et pendant les vacances afin de proposer du soutien scolaire, des activités culturelles et sportives ainsi que de l’aide aux parents.

Le « pacte » prévoit également la mise en place d’un « passeport numérique » (une plate-forme destinée à former les personnes éloignées d’Internet), la création de 1 000 stages pour les jeunes dans la perspective des Jeux olympiques de 2024, la gratuité du passe Navigo pendant une semaine pour les élèves des quartiers populaires en stage de 3e et le triplement du nombre d’entrepreneurs accompagnés par le microcrédit (soit 6 000 d’ici à 2022, dont 50 % issus des quartiers populaires).

Pour le reste, les mesures énoncées ont en réalité été votées dès 2016, peu après l’arrivée de Valérie Pécresse à la tête de la région, et sont déjà budgétisées. Ainsi le « dispositif anti-ghetto » qui prévoit de cesser de financer le logement très social dans les communes qui ont déjà 30 % de logements destinés aux plus modestes, la création de 100 quartiers écologiques sur dix ans ou encore la mise en place d’un « bouclier de sécurité », un fonds doté d’une enveloppe annuelle de 20 millions d’euros auquel les communes peuvent faire appel pour financer l’installation de caméras de vidéoprotection, de centres de surveillance… Cent trente-huit municipalités y ont eu recours. Voté également il y a plusieurs semaines, le recrutement de 650 personnels supplémentaires dans les transports (trains, RER, bus…).

Dans un communiqué, le groupe Ensemble Ile-de-France (ex-PS) a dénoncé « un plan improvisé pour les médias (…) en réaction à l’actualité nationale autour du plan Borloo » dans lequel « il est difficile de trouver des mesures concrètes et nouvelles ». Pour la présidente de la région Ile-de-France, « l’idée de ce pacte n’est pas de faire contre l’Etat, mais de prendre l’initiative et de montrer la direction aux maires, qui sont désespérés ».