Elections en Turquie : ce qu’il faut retenir
Elections en Turquie : ce qu’il faut retenir
Le président turc a été réélu dès le premier tour, dimanche 24 juin, remportant plus de 50 % des voix et la majorité absolue avec l’aide de son allié le MHP, un parti d’extrême droite nationaliste.
Le président turc, Recep Tayyip Erdogan, salue ses supporters depuis le balcon du siège de son parti, l’AKP, à Ankara, le 25 juin 2018. / HANDOUT / REUTERS
Erdogan réélu avec 52,5 % des voix
Recep Tayyip Erdogan, au pouvoir depuis quinze ans, a donc été réélu à la présidence de la Turquie dès le premier tour avec 52,5 % des suffrages exprimés. Les autres candidats restent assez loin derrière. Le social-démocrate Muharrem Ince, son principal adversaire, a obtenu 30,64 % des voix, tandis que l’alliance anti-Erdogan formée par plusieurs partis d’opposition pour le volet législatif du scrutin récolte 34 %, d’après les résultats partiels, publiés par Anatolie. Le parti prokurde HDP a franchi, quant à lui, le seuil des 10 % de suffrages permettant à un parti de siéger à l’Assemblée nationale.
La participation s’établit à environ 88 % d’après l’agence de presse étatique Anatolie. Ce à quoi a répondu M. Erdogan, affirmant que « la Turquie a donné une leçon de démocratie au monde ».
Une coalition avec la majorité absolue
L’AKP, le parti de M. Erdogan, obtient à lui seul 290 sièges, soit 48,3 % des sièges. Allié au MHP, la coalition gouvernementale obtient 339 sièges et la majorité absolue avec. Le CHP maintient, lui, un nombre semblable de députés. Le HDP, le parti prokurde, obtient 68 sièges et revient donc au Parlement.
L’opposition dénonce des irrégularités, l’OSCE des inégalités entre candidats
Dimanche soir, le Parti républicain du peuple (CHP), qui avait envoyé des représentants dans la plupart des 180 000 bureaux de vote, affirmait que M. Erdogan avait obtenu moins de 50 % des voix et qu’un second tour est donc nécessaire, et dénonçait des tentatives de fraude provenant surtout de la province de Sanliurfa (sud-est). Le procureur public de Sanliurfa, dont dépend Suruç, a annoncé avoir ouvert une enquête sur ces accusations et quatre personnes ont été arrêtées, selon l’agence de presse étatique Anatolie.
L’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE), qui avait déployé pour les élections des observateurs internationaux, a dénoncé, lundi, l’absence « d’opportunités égales » pour les candidats, tout en estimant que ceux-ci avaient pu transmettre leur message au public. « Le jour des élections, les procédures ont été généralement suivies, même si des mesures légales importantes ont souvent été omises pendant le décompte » des voix, a ajouté le chef de la mission de l’OSCE, Ignacio Sanchez Amor, mentionnant des irrégularités « sérieuses », telles que des bulletins non tamponnés, ou pas systématiquement enregistrés lors de leur livraison dans les bureaux de vote.
Le rapport de l’OSCE et du Conseil de l’Europe met en avant, en effet, les conditions de campagne inéquitables des différents partis, notamment sur le plan médiatique, le parti au pouvoir et le président sortant bénéficiant d’une couverture « plus favorable ». « Les organes médiatiques, dont l’audiovisuel public, n’ont pas offert aux électeurs des informations équilibrées sur les différents candidats », selon l’OSCE.
Orban et Poutine félicitent Erdogan
Le président turc a reçu de multiples messages de félicitation à l’occasion de sa réélection, notamment de ses alliés russes et hongrois.
Dans un télégramme de félicitation, le président russe, Vladimir Poutine, « a souligné que les résultats de l’élection attestent pleinement de la grande autorité politique de Recep Tayyip Erdogan ». Sa réélection témoigne « du large soutien accordé au cap fixé sous sa direction sur les questions sociales et économiques auxquelles la Turquie est confrontée, et au renforcement de la position du pays en termes de politique étrangère », selon le Kremlin.
Le premier ministre hongrois, Viktor Orban, a, quant à lui, estimé que « la stabilité de la Turquie est une bonne nouvelle » pour l’Europe. Dans une lettre au président turc, M. Orban affirme que « notre continent est confronté à de sérieux problèmes de sécurité et il est essentiel de les surmonter par une coopération prévisible et efficace avec la Turquie ».