Le président de la République vient de confier une mission très précise à Thierry Tuot, conseiller d’Etat et président, entre autres, du conseil d’administration de l’Académie de France à Rome – la Villa Médicis, institution artistique dédiée à l’accueil de jeunes artistes. Dans une lettre datée du 7 juin, que Le Monde s’est procurée, Emmanuel Macron annonce à ce haut fonctionnaire qu’il souhaite l’« associer très étroitement » à « la construction d’une politique publique de soutien aux artistes par les résidences ».

A première vue, l’objectif est louable : le chef de l’Etat souhaite que la France « renforce sa capacité à attirer et à faire croiser les grands talents artistiques venant du monde entier ». Il rappelle que l’Etat soutient « plus de 500 résidences et allocations d’ateliers », pour plus de 7 millions d’euros – dans le secteur des arts plastiques, mais aussi dans le spectacle vivant (opéras, centres dramatiques nationaux, centres chorégraphiques…).

« Une cartographie des résidences »

L’ampleur des missions et pouvoirs dévolus au conseiller d’Etat devrait générer quelques inquiétudes. Thierry Tuot est chargé d’établir « une cartographie des résidences, publiques et privées », afin de « partager un diagnostic complet » des « forces » et « faiblesses ». Il proposera ensuite « un système national de sélection et d’orientation des artistes », mais aussi, « le cas échéant, la réorientation, la création ou la suppression de résidences en fonction des objectifs stratégiques du soutien de l’Etat ».

Cela signifie-t-il qu’à l’avenir, ce n’est plus la Rue de Valois qui aura la main sur les résidences artistiques ? Et sur quels critères une résidence pourra-t-elle être supprimée ? Thierry Tuot, par ailleurs, est chargé de faire « des propositions d’évolution » pour la Villa Médicis à Rome, ainsi qu’une « proposition de programme » pour les Ateliers Médicis à Clichy-Montfermeil (Seine-Saint-Denis) – dont il préside aussi le conseil d’administration. Il doit rendre sa copie à l’Elysée « avant le 10 septembre ».

Cette missive s’apparente comme la suite du processus de réforme engagé à l’horizon 2022, dénommé « Cap 22 ». Dans le document de travail relatif à la culture, révélé par Le Monde à l’automne 2017, il était question de « réformer les aides aux équipes artistiques », en augmentant « le taux de sélectivité », ou encore de « fusionner les comités d’experts ».