Des Yéménites forcés à fuir leurs foyers à cause des combats situés dans le port d’Hodeida (Yémen), le 23 juin 2018. / Hani Mohammed / AP

Une pause dans l’offensive d’Hodeïda au Yémen, mais pour combien de temps ? Nul ne sait. Dimanche 1er juillet, les Emirats arabes unis, impliqués dans l’offensive progouvernementale de la ville portuaire, ont officialisé un arrêt provisoire des opérations contre les rebelles houthistes pour donner une chance à la médiation de l’Organisation des Nations unies (ONU).

« Nous saluons les efforts de l’envoyé spécial des Nations unies, Martin Griffiths, pour parvenir à un retrait inconditionnel des Houthis de la ville et du port de Hodeïda. Nous avons décidé d’observer une pause afin de laisser suffisamment de temps pour que cette option soit pleinement explorée », a dit sur Twitter Anwar Gargash, ministre d’Etat aux affaires étrangères des Emirats.

« Nous espérons qu’il réussira », a ajouté ce responsable, alors qu’Abou Dhabi est un pilier de la coalition anti-rebelles, également emmenée par l’Arabie saoudite. M. Gargash a affirmé que l’opération d’Hodeïda, qui s’est intensifiée à partir du 13 juin, avait été calibrée pour « minimiser les pertes civiles et maximiser la pression sur les Houthis ». Des sources militaires dans l’ouest du Yémen ont confirmé une désescalade dans les opérations militaires depuis une semaine, hormis quelques échanges de tirs sporadiques autour d’Hodeïda.

Des centaines de morts dans les combats

En deux semaines, les combats ont fait 429 morts, des deux côtés, selon des sources militaires, médicales et des responsables locaux. Les pertes civiles n’ont pas été spécifiées mais des milliers de personnes ont quitté les zones de combats, selon les agences de l’ONU.

Dans un autre tweet, M. Gargash a apporté une « clarification » à son propos, en expliquant que la coalition avait cessé « dès le 23 juin » d’avancer en direction de la ville et du port, afin de permettre à l’émissaire de l’ONU d’obtenir des rebelles un retrait inconditionnel d’Hodeïda. « Nous maintenons la pression et attendons les résultats de la (récente) visite de l’émissaire de l’ONU à Sanaa », a-t-il ajouté.

La ville portuaire de Hodeïda, située dans l’ouest du Yémen, sur les rives de la mer Rouge, est stratégique pour les importations du pays en produits alimentaires et pour l’acheminement de l’aide internationale. Ravagé par la guerre, le Yémen, un pays pauvre de la péninsule arabique, dépend des importations pour 90 % de ses besoins en nourriture, et 70 % de celles-ci passent par Hodeïda.

« La pire crise humanitaire au monde »

Pour les Emirats et l’Arabie saoudite, Hodeïda est utilisée par les rebelles pour introduire des armes iraniennes, ce que dément Téhéran, et pour menacer la navigation commerciale en mer Rouge. Après des entretiens avec les chefs rebelles à Sanaa, l’envoyé spécial des Nations unies, Martin Griffiths, a également rencontré la semaine dernière le président yéménite Abd Rabbo Mansour Hadi, dont les partisans sont engagés dans l’opération d’Hodeïda. Après cette rencontre, le gouvernement yéménite a insisté sur un retrait « total et inconditionnel » des Houthis d’Hodeïda, une position de fermeté en ligne avec celle des Emirats arabes unis.

Dans sa déclaration à la radio des Nations unies, M. Griffiths a indiqué qu’une proposition avait été faite pour donner à l’ONU un rôle dans la gestion du port d’Hodeïda, preuve, selon lui, de progrès dans sa mission. Toutefois, les Emirats, comme le gouvernement de M. Hadi, rejettent l’option d’un retrait partiel des Houthis.

Ces rebelles ont pris en 2014 Hodeïda et son port à la faveur d’une offensive d’envergure qui leur avait aussi permis de s’emparer de pans du territoire, et notamment de chasser le gouvernement de M. Hadi de Sanaa début 2015. Depuis l’intervention en mars 2015 d’une coalition sous commandement saoudien, le conflit au Yémen a fait près de 10 000 morts et provoqué « la pire crise humanitaire au monde », avec des millions de personnes au bord de la famine, selon l’ONU.

Yémen : prise de l’aéroport d’Hodeïda, par où transite 70 % de l’aide humanitaire
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