Emmanuel Macron était attendu lundi 2 juillet à Nouakchott, la capitale de la Mauritanie, pour un déjeuner avec les chefs d’Etat de l’Union africaine (UA), suivi d’une rencontre avec ses homologues du G5 Sahel, un double échange consacré à la sécurité en Afrique sur fond de « failles » persistantes et d’un durcissement de la ligne américaine.

Sommet de l’Union africaine

Pour la première étape de sa mini-tournée africaine avant Lagos et Abuja, au Nigeria, le chef de l’Etat français doit participer à un déjeuner à huis clos au palais des congrès de la capitale mauritanienne qui accueille le 31e sommet de l’UA. Il devrait renouveler à cette occasion « son soutien à l’initiative de l’Union africaine en vue d’assurer un financement autonome et prévisible des opérations africaines de paix », selon l’Elysée ; un enjeu de taille se heurtant aux réticences de Washington, qui privilégie l’aide bilatérale à l’aide multilatérale et souhaite couper dans le budget onusien.

« Cette attitude américaine justifie a fortiori la volonté des Africains, soutenus par la France, de prendre en charge leur sécurité », relève-t-on à Paris. « Les Africains font un vrai effort politique, financier et logistique pour ce faire, ce serait paradoxal que les Etats-Unis nous disent “on ne va pas les aider” au moment où les Africains font eux-mêmes l’effort. »

« Cet effort de l’UA et extrêmement important et nous ferons tout en tant que membre permanent du Conseil de sécurité de l’ONU pour nous assurer que les Nations unies répondent à cet appel », ajoute-t-on, d’autant qu’« avec l’effort financier militaire de l’UA, les contributeurs aux Nations unies en sortiront gagnants, nous allons donc tout faire pour convaincre nos partenaires américains ».

La marge de manœuvre s’annonce étroite. Un « financement autonome et prévisible » des opérations africaines de paix, également prôné par l’Organisation des Nations unies (ONU) afin de réduire l’écart entre les objectifs et les ressources, suggère une hausse, ou du moins un maintien des contributions des Etats membres. Or, les Etats-Unis, premiers contributeurs individuels au budget de maintien de la paix, ont décidé sous l’administration Trump de réduire leur part à 25 % du total contre 28,5 % actuellement.

Rencontre avec les Etats membres du G5 Sahel

Même problématique concernant la force régionale du G5 Sahel (Mali, Niger, Burkina Faso, Tchad, Mauritanie) composée de cinq mille hommes et lancée en 2017 avec le soutien de la France pour lutter contre les groupes djihadistes dans la bande sahélo-saharienne.

La lente montée en puissance de cette force, théoriquement appelée à prendre le relais de la force française Barkhane déployée dans la région, fera l’objet d’une rencontre entre Emmanuel Macron et ses homologues du G5 lundi, après le déjeuner avec les pays membre de l’UA. « Ce sera notamment l’occasion de constater les progrès opérationnels de la force conjointe qui réalise actuellement sa quatrième opération et qui en prévoit d’autres dans les semaines à venir sur l’ensemble des fuseaux », explique-t-on à Paris.

Sur le plan du financement, « on peut constater qu’il y a un début de mise en œuvre concret ». « Dans tous les états-majors du G5 Sahel, des primes ont été versées avec un effet rétroactif (…) et il y a des équipements qui sont attendus, de protection individuelle, qui devraient être livrés à la fin de l’été, d’autres équipements d’ici la fin de l’année. » « C’est un processus complexe, mais les tuyaux sont branchés et ça commence à donner des résultats concrets », assure-t-on à l’Elysée.

Cependant la question du financement reste entière. Lors d’une visite à Paris au début de juin, le président du Niger, Mahamadou Issoufou, dont le pays préside le G5 Sahel, avait appelé à « chercher des sources de financement pour les autres années ».

Très symbolique, la visite du collège de défense du G5 Sahel, école régionale de guerre qui accueillera ses premiers stagiaires en octobre, a lieu après un attentat-suicide commis vendredi contre le QG de la force régionale à Sévaré, à l’est de Mopti, dans le centre du Mali. Cette attaque sans précédent a fait six morts, dont deux militaires de la force conjointe et a été revendiquée par une branche d’Al-Qaida. « Si l’état-major a été attaqué, c’est qu’il y a énormément de failles que nous nous devons de corriger si nous voulons stabiliser la région du Sahel », a reconnu le président mauritanien, Mohamed Ould Abdel Aziz, dans une interview à France 24 diffusée dimanche.