Le plan pauvreté reporté à septembre
Le plan pauvreté reporté à septembre
Par Isabelle Rey-Lefebvre
Très attendue par les acteurs engagés contre l’exclusion, l’annonce du plan pauvreté a finalement été reportée après l’été. Une grande déception pour les associations, qui rappellent que « la misère n’attend pas ».
A Paris, en décembre 2017. / ERIC FEFERBERG / AFP
« La stratégie gouvernementale de lutte contre la pauvreté, dont la présentation était initialement prévue le 9 juillet lors du discours devant le congrès du président de la République, sera finalement dévoilée à la rentrée en raison d’arbitrages encore en cours », indique mercredi l’Elysée à la suite de l’information révélée par France Inter.
« C’est une grande déception, alors que les propositions sont là, que la plupart des arbitrages étaient faits, commente Véronique Fayet, la présidente du Secours catholique. La misère n’attend pas et on va perdre une année. » Certaines propositions sont en effet liées au calendrier scolaire, comme celle de créer un fonds pour que toutes les communes adoptent un tarif social pour les cantines ce qui permet aux enfants d’avoir un repas équilibré au moins une fois par jour.
Autre mesure très attendue, celle concernant les jeunes majeurs confiés à la protection de l’enfance, dont la prise en charge s’arrête brutalement à leurs 18 ans, beaucoup basculent dans l’errance. « Pas de sortie sèche », espérait ainsi Brigitte Bourguignon députée (LRM) du Pas-de-Calais et présidente de la commission des affaires sociales de l’Assemblée nationale. Elle a, ainsi, avec 140 collègues, déposé une proposition de loi pour rendre obligatoire dans tous les départements, des contrats « jeunes majeurs » pour prolonger leur suivi et leur protection entre 18 et 25 ans, jusqu’à leur véritable autonomie.
Décourageant
Cet énième report de la stratégie de lutte contre la pauvreté des jeunes et des enfants est très décourageant pour les associations qui luttent contre l’exclusion. Elle avait pourtant été annoncée en grande pompe lors d’un déjeuner à l’Elysée le 17 octobre à l’occasion de la Journée mondiale de lutte contre la misère, en présence de Martin Hirsch, le directeur de l’Assistance publique-Hôpitaux de Paris, et d’Emmanuel Faber, le PDG de Danone si impliqué dans cette cause. Le président de la République avait alors promis une concertation sur « l’égalité des chances pour les enfants, quel que soit leur milieu d’origine », pour « lutter contre le déterminisme social ».
En novembre 2017, après de longues palabres, plusieurs candidats pressentis ayant décliné le poste, était nommé en conseil des ministres un délégué interministériel à la prévention et à la lutte contre la pauvreté des enfants et des jeunes, Olivier Noblecourt. Celui-ci lançait six groupes de travail réunissant associations, services de l’Etat et élus. Les acteurs ont travaillé d’arrache-pied pour remettre à la mi-mars leurs 110 propositions, les arbitrages devant être faits fin mars. Tout cela avait suscité beaucoup d’espoirs aujourd’hui reportés.
Aides sociales et pauvreté : nos tribunes
Un « pognon de dingue » pour les pauvres ? Les récents propos du président de la République Emmanuel Macron sur les aides sociales ont suscité la controverse. Quatre experts en donnent les clés.
- « Plutôt que d’économiser des bouts de chandelle sur les plus pauvres, le gouvernement ferait bien de mettre à plat les données du problème », par Olivier Bargain
- « Les “filets de sécurité” sont insuffisants en Allemagne, comme en Grande Bretagne et en France », par Jean-Claude Barbier
- « Depuis le début des années 2000, la figure du “mauvais pauvre”, profitant des largesses de l’Etat, est revenue hanter le débat public », par Nicolas Duvoux
- « La situation française se caractérise par un taux de pauvreté global relativement faible, mais une situation plus dégradée pour les enfants » par Michel Villac
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