Près de deux tiers des Français dépassent au moins un fois par an leur découvert autorisé
Près de deux tiers des Français dépassent au moins un fois par an leur découvert autorisé
Par Joël Morio
Le gouvernement envisage d’ajouter à son plan pauvreté des dispositions sur le plafonnement des frais bancaires pour les ménages les plus modestes.
Les femmes utilisent plus le découvert que les hommes. / Radius Images / Photononstop
En 2018, 60 % des Français sont encore en dépassement de découvert au moins 1 fois par an
selon la dernière étude Panorabanques.com sur le découvert bancaire et les Français en 2018. Deux tiers des Français (66 %) souhaitent disposer d’une autorisation de découvert, c’est 2 % de moins qu’en 2017. Gratuit dans la moitié des établissements, ce service coûte en moyenne 7 euros par an (frais de mise en place ou de dossier – hors agios). Par précaution, 39 % de ceux qui ne sont jamais en dépassement souhaitent quand même bénéficier d’une facilité de trésorerie.
L’étude montre que presque un quart des Français sont en dépassement de découvert autorisé au moins une fois par mois, 20 % une fois par trimestre et 16 % une fois par an.
Tous les Français sont concernés par le dépassement de découvert autorisé, quel que soit leur niveau de revenu. Ceux qui gagnent moins de 1 500 euros sont 27 % à être en dépassement tous les mois. C’est deux fois plus que pour les plus aisés (revenus de plus de 3 000 euros par mois). Même les plus fortunés n’échappent pas au découvert. La moitié d’entre eux est en dépassement de découvert autorisé au moins une fois par an.
Les femmes utilisent plus le découvert que les hommes. L’étude montre que les femmes sont plus nombreuses que les hommes à souhaiter une autorisation de découvert : 69 % contre 62 %. Elles franchissent aussi plus souvent la limite autorisée : 28 % des femmes sont en dépassement tous les mois contre 21 % pour les hommes. C’est 2 % de plus qu’en 2017
Sur les cinq dernières années, les Français gèrent mieux leur trésorerie : 24 % des Français sont en dépassement 1 fois par mois en 2018, alors qu’ils étaient 28 % en 2014. En 2018, ils sont 40 % à ne jamais dépasser leur autorisation soit 5 points de mieux qu’en 2014 !
Etre à découvert coûte cher
Etre à découvert coûte cher. Après une forte baisse en 2014, due au plafonnement des commissions d’intervention, les frais liés au dépassement de découvert ont augmenté jusqu’en 2017. Ils restent stables depuis, à environ 60 euros par an. Depuis 2014, la plupart des banques se sont alignées sur le plafond légal de 8 euros par commission d’intervention.
En 2018, seules 11 banques restent en deçà de ce plafond. Dans le contexte actuel de taux bas, les agios applicables au découvert autorisé restent très élevés. Il est par exemple de 7 % par an chez Boursorama Banque et Fortuneo, de 12 % à la Caisse d’Epargne-Ile-de-France, de 15 % à La Banque postale et de l’ordre de 16 % chez BNP Paribas.
Dès que la limite autorisée est dépassée, la facture devient encore plus salée car le taux appliqué augmente lui aussi : il atteint 16 % dans les banques en ligne et 20 % dans certaines banques traditionnelles. Ces taux ne s’appliquant qu’à des sommes réduites sur des périodes courtes, ce sont surtout les commissions d’intervention, facturées par 94 % des banques, qui pèsent lourdement sur les finances des Français.
Le gouvernement envisage d’ajouter à son plan pauvreté des dispositions sur le plafonnement des frais bancaires pour les ménages les plus modestes, a déclaré dimanche 8 juillet Bruno Le Maire, le ministre de l’économie. Le gouvernement a reporté à la rentrée la présentation de ses mesures de lutte contre la pauvreté, initialement prévue début juillet.
« J’ai besoin d’encore un peu de temps pour discuter avec les banques, les associations », a dit le ministre à l’occasion des rencontres économiques d’Aix-en-Provence.