Faire face à la très forte immigration clandestine en provenance des Comores, un défi pour le 101e département français. Mercredi 11 juillet, les députés ont approuvé en commission l’adaptation du droit du sol à Mayotte introduite par le Sénat et soutenue par l’exécutif.

En nouvelle lecture du projet de loi asile-immigration, les députés ont adopté l’article sénatorial qui exige pour les enfants nés à Mayotte que l’un de ses parents ait, au jour de la naissance, été présent de manière régulière sur le territoire national depuis plus de trois mois.

Rappelant que les députés « s’étaient sentis un peu démunis en première lecture face à la situation à Mayotte », la rapporteuse Elise Fajgeles (LRM) s’est appuyée sur l’avis du Conseil d’Etat, lequel a jugé cette « adaptation limitée, adaptée et proportionnée à la situation particulière de Mayotte », estimant que le texte « porte sur l’un ou l’autre des parents et fixe un délai de résidence régulière assez bref ».

74 % des enfants naissent de mères étrangères

Le 28 juin, lors d’un discours consacré à l’outre-mer, Emmanuel Macron avait soutenu « cette évolution qui fait consensus sur le territoire » et cette démarche « adaptée et équilibrée » dans le sillage de la proposition du sénateur LRM Thani Mohamed Soilihi. « Il s’agit de préserver le droit du sol, qui est l’un de nos principes fondamentaux, en adaptant ses conditions d’exercice à la réalité de ce territoire », avait justifié le président de la République.

La députée LRM de Mayotte, Ramlati Ali, a appelé mercredi ses collègues à réagir à la « situation urgente » du département, « où 74 % des enfants naissent de mères étrangères », arrivées des Comores au terme d’une traversée maritime souvent périlleuse.

« La maternité de Mayotte est devenue la première de France, avec 10 000 naissances par an. A ce rythme, il faudrait construire une classe par jour, alors que déjà les élèves ne peuvent aller à l’école qu’en rotation le matin ou l’après-midi », a-t-elle souligné, en mentionnant également la présence de « 3 000 mineurs isolés ».

Ramlati Ali a imploré ses collègues de « venir voir cette situation qui freine le développement socio-économique ». Sans nier « l’urgence » et « les spécificités » de Mayotte, l’une des porte-parole des députés communistes, Elsa Faucillon, s’est inquiétée de cette « brèche » dans le droit du sol.

Elle a dit voir « sa crainte renforcée » par l’amendement de Guillaume Larrivé (LR), qui a défendu l’extension de cette restriction à l’ensemble du territoire « au nom de l’unité du droit de la nationalité ». « La philosophie wauquiéziste consiste à supprimer le droit du sol. Nous la rejetons en bloc », a répondu le chef de file LRM sur ce texte, Florent Boudié.

Macron soutient l’adaptation du droit du sol à Mayotte

Emmanuel Macron a apporté son soutien, jeudi 28 juin, à une « adaptation » du droit du sol à Mayotte. Le chef de l’Etat, tout en estimant que « le droit du sol est l’un de nos principes fondamentaux », s’est déclaré favorable à l’amendement au projet de loi asile immigration déposé au Sénat par le sénateur (LRM) de Mayotte Thani Mohamed Soilihi, qui a été adopté en première lecture. ­Celui-ci propose, pour obtenir la nationalité française, qu’au moins l’un des parents ait résidé de manière régulière sur le territoire depuis plus de trois mois au jour de la naissance. « Cette évolution fait consensus sur le territoire. C’est pourquoi je soutiens cette démarche, qui me semble adaptée et équilibrée », a déclaré M. Macron.