TV – « Métropoles du monde, San Francisco » : encombrements de poncifs
TV – « Métropoles du monde, San Francisco » : encombrements de poncifs
Par Renaud Machart
Le documentaire est un consternant amoncellement de lieux communs et de formules attendues sur « Frisco » (sur France 5 à 23 h 35).
La saison morte n’a pas encore vraiment commencé que, déjà, France 5 ressert aux spectateurs restés au frais devant leur télévision des produits de seconde main sortis du garde-manger à rediffusions. C’est le cas de ce numéro de la série britannique Métropoles du monde dévolu à San Francisco, sorti en 2015 et diffusé sur France Télévisions en 2017. Son propos ressemble à un banal film documentaire pour collégiens qui éluderait tout sujet un peu dérangeant (la drogue, les beatniks, les gays, etc.).
Comment peut-on éviter un sujet socioculturel aussi central que le San Francisco des années 1970, où se jouèrent tant de combats pour les libertés individuelles, où un conseiller municipal fameux, l’activiste Harvey Milk, fut assassiné en 1978 ? « A San Francisco, on peut être soi-même », dit un commentateur. Mais à quel prix !
L’histoire de la ville, depuis sa fondation, au moment de la ruée vers l’or, en 1848, est narrée par un commentaire bourré de formules faciles et téléphonées, illustrée par des images de synthèse et, terrible engeance du documentaire du XXIe siècle, par des scènes reconstituées sur le mode docufiction.
Ruée vers l’or et burritos
Ainsi, au cas où on ne l’aurait pas compris, quand la boulangerie du Français Isidore Boudin flambe lors du terrible incendie que provoqua le tremblement de terre du 18 avril 1906, on nous montre une vieille boulangerie, des flammes et, oh ! audace cinématographique, un sac de farine qui tombe à terre. On nous parle des colons venus faire fortune à partir de la ruée vers l’or de 1848, du cimetière de bateaux qui servit à l’agrandissement de la ville. Et des burritos du quartier mexicain, des chop suey de Chinatown. Car, rappelle l’inénarrable narrateur : « La cuisine d’une ville en dit long sur l’histoire de ses habitants. »
Autres incontournables : les rues fortement pentues de la ville, paradis des skateboarders. A la fin de cette séquence, le commentaire annonce : « C’est bien joli de descendre, mais maintenant il faut remonter ! » Et, devinez quoi ? Place au célèbre tramway de la ville. Et ainsi de suite. Il y a des jours où l’on a honte pour son service public.
Métropoles du monde : San Francisco, de Neil Ferguson et Mark Bates (GB, 2015, 44 min).