WhatsApp sous pression après des lynchages en Inde
WhatsApp sous pression après des lynchages en Inde
Le gouvernement indien a demandé à WhatsApp de prendre des mesures après la diffusion massive de fausses informations sur l’application de messagerie.
Des rumeurs circulent massivement en Inde sur WhatsApp. / Dado Ruvic / REUTERS
Une vingtaine de personnes ont été lynchées ces derniers mois en Inde, à la suite de rumeurs concernant des enlèvements d’enfants, notamment propagées sur l’application de messagerie WhatsApp. Jeudi 19 juillet, le ministre des technologies de l’information Ravi Shankar Prasad a haussé le ton et estimé, dans un communiqué rapporté par la presse indienne, que « WhatsApp [devait] faire beaucoup plus ». Avant de menacer :
« Quand des rumeurs et des fausses informations sont propagées par des agitateurs, le média utilisé pour cette propagation ne peut pas échapper à ses responsabilités. S’il se contente de rester spectateur muet, alors il risque d’être considéré comme complice et, par conséquent, devra faire face à des poursuites judiciaires. »
WhatsApp est largement utilisé en Inde, où il compte plus de 200 millions d’utilisateurs. Ceux-ci s’en servent notamment pour transférer des informations, qui circulent ainsi très rapidement et à grande échelle.
Après un premier avertissement du gouvernement indien, WhatsApp, qui appartient à Facebook, avait annoncé le 10 juillet que les messages transférés seraient désormais signalés comme tels. « Cela vous aidera à savoir si vos amis ou contacts ont écrit le message qu’ils vous envoient, ou si celui-ci a été initialement envoyé par quelqu’un d’autre, écrivait WhatsApp sur son blog. Nous vous encourageons à traiter avec précaution les messages transférés avant de les transférer à votre tour. » WhatsApp avait également acheté de pleines pages de publicité dans les journaux indiens, dans lesquelles elle avait donné des conseils pour repérer les fausses informations.
Le transfert de messages limité
Cette fois, à la suite des menaces explicites du gouvernement indien, WhatsApp a annoncé qu’il limiterait, dans le cadre d’un test en Inde, la possibilité de transférer des messages à cinq personnes ou groupes à la fois. Le bouton permettant de transférer instantanément une photo ou une vidéo sera aussi supprimé – il faudra une action de plus pour le faire. « Nous pensons que ces changements – que nous évaluerons – permettront de faire en sorte que WhatsApp reste ce qu’il est censé être depuis le début : une messagerie privée. »
Contrairement à Facebook ou Twitter, WhatsApp n’est pas un réseau social, sur lequel on peut partager publiquement des informations. Il s’agit effectivement d’une messagerie privée, sur laquelle on peut créer des groupes de discussion, et qui permet aussi de transférer des messages ou des images d’une discussion à l’autre. Une fonctionnalité particulièrement populaire en Inde, souligne WhatsApp, et qui a permis dans ce pays la large diffusion de rumeurs.
La maison mère de WhatsApp, Facebook, est elle aussi mise en difficulté par les fausses informations qui y circulent et multiplie les annonces pour y remédier. Mais une différence est notable : sur WhatsApp, les messages échangés sont chiffrés de bout en bout, ce qui signifie que seul l’envoyeur et le(s) destinataire(s) du message sont en mesure de le lire – même WhatsApp ne peut les déchiffrer. Il est donc impossible pour l’application, en l’état actuel des choses, de les détecter en analysant leur contenu.