Les actionnaires de Saur ont tranché. C’est un fonds d’origine scandinave, EQT, qui a été choisi, durant le week-end, pour reprendre le numéro trois français de la distribution d’eau, loin derrière Veolia et Suez, ont annoncé les deux parties lundi 23 juillet. Le prix est voisin de 1,5 milliard d’euros.

« EQT suit Saur depuis de nombreuses années, a commenté Matthias Fackler, l’un des dirigeants d’EQT, cité dans le communiqué officiel. C’est une entreprise bien positionnée sur un marché attractif avec un potentiel de développement significatif. Notre objectif est de révéler ce potentiel. »

A l’issue des premières négociations, trois autres candidats restaient en lice pour relancer le groupe mis en vente en avril par ses actionnaires actuels : un fonds français, Meridiam, et deux fonds nord-américains, KKR et I Squared. Le conseil de surveillance de Saur leur a finalement préféré EQT, une structure créée par la famille suédoise Wallenberg.

Maintient d’un niveau de dette « prudent »

Pour l’emporter, EQT s’est associé à un partenaire financier tricolore, la SMABTP. Le fonds scandinave a aussi insisté sur ses compétences industrielles, son réseau d’experts, et sa volonté de rester durablement actionnaire de Saur. Loin des dérives de l’hypercapitalisme, EQT s’est aussi engagé à maintenir un niveau de dette « prudent », afin que l’entreprise française ne retombe pas dans la même ornière qu’auparavant.

Longtemps filiale de Bouygues, Saur avait été vendu en 2005 à PAI Partners, qui l’avait cédé deux ans plus tard à un consortium d’actionnaires réunissant le FSI (38 %), Séché Environnement (33 %), Axa Private Equity (17 %) et Cube (12 %). Mais l’opération menée sous forme d’un LBO (leveraged buy-out) faisait porter sur l’entreprise une dette trop élevée, qu’elle n’a pu rembourser. Pour éviter une faillite, Saur est finalement passé en 2013 aux mains de ses principaux créanciers, dont BNP Paribas.

Ce sont ces créanciers devenus transitoirement actionnaires qui s’apprêtent aujourd’hui à passer le flambeau à EQT. Charge au fonds scandinave de relancer la société française, qui a perdu de sa splendeur au fil des années et des cessions d’actifs. Elle ne compte plus que 7 860 personnes, contre 14 000 au moment de sa vente par Bouygues en 2005, et son chiffre d’affaires s’est limité à 1,2 milliard d’euros en 2017.