A Ceuta, 600 migrants pénètrent en Espagne dans la violence
A Ceuta, 600 migrants pénètrent en Espagne dans la violence
Le Monde.fr avec AFP
Ce franchissement de la frontière de Ceuta est le plus important depuis février 2017, quand plus de 850 migrants étaient parvenus à pénétrer dans la ville sous administration espagnole.
Des migrants en train d’escalader la clôture de la frontière de Ceuta, jeudi 26 juillet. / REUTERS TV / REUTERS
De la chaux vive et des excréments contre les policiers. Après un « assaut » particulièrement violent, plus de 600 migrants africains sont parvenus, jeudi 26 juillet, à entrer dans l’enclave espagnole de Ceuta au nord du Maroc. Près de 800 migrants ont tenté de passer de l’autre côté de la barrière, selon la garde civile. Une centaine ont été stoppés par la police marocaine, d’autres interceptés par les agents espagnols à la frontière et renvoyés au Maroc, et exactement 602 ont finalement atteint le territoire espagnol.
Ce franchissement de la frontière de Ceuta, hérissée de barbelés, est le plus important depuis février 2017, quand plus de 850 migrants étaient parvenus à pénétrer dans la ville sous administration espagnole.
L’incident accroît la pression sur l’Espagne, devenue la première porte d’entrée de l’immigration clandestine en Europe, dépassant l’Italie qui, en refusant d’accueillir davantage de migrants, a fermé la route qui passait par la Libye.
De nombreux blessés
Les « assauts » de la barrière « sont tous violents », précise José Cobo, porte-parole de l’Association espagnole de gardes civils (AEGC), mais celui-ci passe un nouveau palier car « ils ont employé une méthode qu’ils n’avaient jamais utilisée avant, la chaux vive », dit-il. La garde civile a dénoncé l’emploi de « méthodes virulentes ». Selon le communiqué du corps de police espagnol, des migrants ont lancé aux agents « des récipients de plastique avec des excréments et de la chaux vive », utilisé des sprays enflammés à la manière de « lance-flammes » en plus de pierres et de bâtons.
Quinze agents ont été blessés, dont cinq ont dû être soignés à l’hôpital pour des brûlures au visage et aux bras. Beaucoup des migrants ont été blessés aux mains et aux jambes en escaladant la clôture. Seize ont dû se rendre à l’hôpital, tandis que les autres sont allés au centre de séjour pour migrants où ils peuvent déposer une demande d’asile, précise la garde civile.
Le gouvernement socialiste a annoncé en juin, à son arrivée au pouvoir, son intention de retirer les barbelés coupants des clôtures de Ceuta et Melilla, les deux villes espagnoles en Afrique du Nord, seules frontières terrestres de l’Union européenne avec l’Afrique. L’association espagnole de garde civile a reconnu dans un communiqué que cette mesure pourrait être « humanitaire », mais réclame en échange « plus de gardes civils et plus de matériel antiémeute et de protection » :
« Nous sommes l’une des principales portes d’entrée du tiers-monde vers l’Europe, et aucun des responsables passés par le ministère de l’intérieur n’a voulu voir ni résoudre les problèmes que cela cause dans les deux villes. »
Explosion démographique en Afrique subsaharienne
La pression migratoire aux portes de l’Union européenne, qui a nettement diminué depuis la crise de 2015, se concentre désormais de plus en plus sur l’Espagne, après que l’Italie a fermé ses frontières. « Il est clair que l’Italie a fermé cette route de manière discutable », en refusant de recevoir les migrants secourus en mer par des ONG humanitaires, a commenté mercredi le ministre des affaires étrangères espagnol, Josep Borrell, lors d’une rencontre avec la presse :
« Si le passage par la Méditerranée centrale se ferme et le flux migratoire ne se tarit pas dans les pays d’origine, (…) le flux va être dévié vers la Méditerranée occidentale, et c’est déjà le cas. »
Et d’appeler l’Union européenne, pour l’heure profondément divisée sur la question, à adopter une « vraie politique migratoire, avec une perspective de vingt ou trente ans », tenant compte de l’explosion démographique en Afrique subsaharienne :
« La crise migratoire est plus difficile à résoudre que la crise de l’euro, parce qu’elle est beaucoup plus structurelle, beaucoup plus permanente. »