Polémique en Italie après qu’un navire a reconduit des migrants en Libye
Polémique en Italie après qu’un navire a reconduit des migrants en Libye
Le Monde.fr avec AFP
Ces dernières années, les garde-côtes italiens coordonnaient ces opérations et les migrants étaient conduits en Italie. Mais depuis juin, Rome se défausse sur les garde-côtes libyens.
« Les ONG protestent et les trafiquants perdent leur business ? C’est bien, nous continuons », a déclaré Matteo Salvini, ministre de l’intérieur. / Tony Gentile / REUTERS
Des ONG et des politiques italiens ont accusé, mardi 31 juillet, un navire commercial italien d’avoir enfreint le droit international en reconduisant en Libye 108 migrants secourus dans les eaux internationales. Le ravitailleur Asso Ventotto a récupéré ces migrants sur un canot lundi soir à environ 60 milles nautiques au nord-ouest de Tripoli, selon son parcours sur les sites de suivi du trafic maritime.
Ces dernières années, les garde-côtes italiens coordonnaient ces opérations et les migrants étaient conduits en Italie. Mais depuis juin, Rome se défausse sur les garde-côtes libyens, qui ont demandé au navire de ramener les migrants à Tripoli.
« La Libye n’est pas un port sûr et cela peut conduire à une violation du droit international », a commenté le Haut Commissariat de l’ONU pour les réfugiés (HCR), en précisant qu’il était encore en train de recueillir des informations sur cette affaire. « Il s’agit d’un refoulement collectif », a dénoncé de son côté Nicola Fratoianni, député italien de gauche actuellement à bord d’un navire d’une ONG espagnole, qui a suivi les échanges radio du ravitailleur. L’ONG allemande Sea-Watch a, elle, évoqué « le premier refoulement par un navire italien depuis des années ».
« Nous ne pouvons pas laisser les migrants là-bas »
En 2012, la Cour européenne des droits de l’homme avait condamné l’Italie après qu’un navire militaire italien avait ramené des migrants en Libye en 2009. La Libye était alors dirigée par Mouammar Kadhafi, mais a plongé dans le chaos depuis sa chute en 2011. Les migrants africains y subissent détentions arbitraires, abus, violences et extorsions, alors qu’en Italie 40 % de ceux qui ont demandé l’asile ces dernières années ont obtenu un permis de séjour.
« La Libye n’est pas un endroit sûr (...), nous ne pouvons pas laisser les migrants là-bas », avait protesté lundi soir Roberto Fico, président de la Chambre des députés issu du Mouvement 5 étoiles (M5S, populiste), en allant à la rencontre de manifestants opposés à la livraison de vedettes italiennes aux garde-côtes libyens.
Matteo Salvini, ministre de l’intérieur et chef de la Ligue (extrême droite, alliée au M5S), a cependant rejeté les critiques : « Ces dernières heures, les garde-côtes libyens ont secouru et ramené 611 migrants en Libye », a-t-il salué sur les réseaux sociaux mardi matin. « Les ONG protestent et les trafiquants perdent leur business ? C’est bien, nous continuons », a-t-il ajouté en répétant son slogan : « Ports fermés, cœurs ouverts ».