L’« Aquarius », avec 141 personnes à bord, de nouveau en quête d’un port d’accueil en Méditerranée
L’« Aquarius », avec 141 personnes à bord, de nouveau en quête d’un port d’accueil en Méditerranée
Le navire « Aquarius », affrété par SOS Méditerranée et opéré en partenariat avec Médecins sans Frontières (MSF), faisait route dimanche vers l’Europe.
A bord de l’Aquarius, samedi 11 août. / GUGLIELMO MANGIAPANE / REUTERS
Il demande à l’Europe de désigner « de toute urgence le lieu sûr le plus proche, comme le prévoit le droit maritime international ». Le navire Aquarius, affrété par SOS Méditerranée et opéré en partenariat avec Médecins sans Frontières (MSF), faisait route dimanche vers l’Europe après avoir secouru vendredi 141 personnes au large des côtes libyennes. Le navire n’a pour l’heure reçu aucune confirmation d’un port où accoster, ont annoncé les organisations humanitaires dans un communiqué.
Selon l’équipe de l’Aquarius, le Centre conjoint de coordination des secours (JRCC) libyen a confirmé être l’autorité en charge de la coordination des sauvetages, mais a informé qu’il n’indiquerait pas au navire de lieu sûr de débarquement.
Les mettre « à l’abri d’abus »
« Nous suivons les dernières instructions du JRCC et allons contacter d’autres RCC (Centres de coordination de sauvetage) afin qu’un lieu sûr nous soit désigné pour débarquer les 141 rescapés », a précisé le coordinateur des secours pour SOS Méditerranée, Nick Romaniuk.
« L’essentiel est que les rescapés soient débarqués sans délai dans un lieu sûr, où leurs besoins fondamentaux soient respectés et où ils seront à l’abri d’abus. »
Le navire humanitaire est devenu le symbole de la crise européenne sur le dossier des migrants. Il s’agit de sa première mission depuis le refus de l’Italie et de Malte de le laisser accoster en juin avec quelque 600 migrants à bord. Le navire avait dû passer neuf jours en mer avant de pouvoir débarquer les rescapés en Espagne. Cet épisode avait eu des répercussions dans toute l’Union européenne, creusant le fossé entre les partisans d’une ligne dure face à la question migratoire, et les défenseurs d’une solution européenne et coopérative.
L’équipage a précisé avant de partir la semaine dernière pour sa dixième mission de l’année qu’il ne renverrait pas de migrants en Libye, le pays n’étant pas considéré comme un refuge sûr. « Les gouvernements européens ont concentré tous leurs efforts à la création d’un JRCC en Libye, mais les événements de vendredi illustrent bien l’incapacité de ce dernier à coordonner intégralement une opération », a souligné le coordonnateur de MSF à bord de l’Aquarius, Aloys Vimard.
SOS Méditerranée et MSF exhortent « une nouvelle fois tous les gouvernements européens ainsi que les autorités maritimes compétentes à reconnaître la gravité de la crise humanitaire qui sévit en Méditerranée, à garantir un accès rapide à des lieux sûrs où débarquer les rescapés et à faciliter plutôt qu’entraver le déploiement d’une assistance humanitaire essentielle en Méditerranée centrale ».
720 morts en juin et juillet
L’Aquarius est désormais l’un des deux derniers navires humanitaires de recherche et sauvetage présents en Méditerranée centrale. Sous la pression de l’Italie et de Malte, la plupart des navires humanitaires ne patrouillent plus au large des côtes libyennes.
Quelque 720 personnes sont mortes en juin et juillet lorsque les navires des ONG étaient pour la plupart absents du secteur, selon Amnesty International. SOS Méditerranée estime pour sa part que plus de 15 000 personnes sont mortes noyées en quatre ans en Méditerranée en tentant la traversée sur des embarcations de fortune. Plus de 650 000 migrants sont arrivés sur les côtes italiennes depuis 2014.