« Pakgne », la websérie qui croque le quotidien des Camerounais
« Pakgne », la websérie qui croque le quotidien des Camerounais
Par Josiane Kouagheu (Douala, correspondance)
Les épisodes tournés depuis un an par les comédiennes Muriel Kamcheu et Marcelle Kuetche cumulent des millions de vues sur les réseaux sociaux.
Muriel Kamcheu et Marcelle Kuetche, les deux comédiennes de la websérie camerounaise « Pakgne ». / Pakgne / Facebook
Chacune de leurs vidéos engrange des centaines de milliers de vues sur Facebook et YouTube. Les commentaires pleuvent : « Je suis morte de rire », « Courage les filles », « Vous êtes trop fortes »… A chaque épisode, la websérie Pakgne (« déranger », dans l’une des langues locales du Cameroun), lancée en 2017 par un duo de comédiennes « décomplexées, hilarantes et passionnées » qui ont toujours des « ways » (choses) à dire, fait rire des internautes au Cameroun et au-delà.
« Sans prétention, nous sommes deux belles jeunes femmes, nous faisons rire sans être mal habillées, masquées ou ointes de craie pour faire comme des clowns, sourit Muriel Kamcheu, alias Mandefo’o, musicienne et cofondatrice de Pakgne. Nous n’inventons rien mais nous représentons avec nos mots, nos gestes et nos manières les scènes de vie de notre société. Les gens aiment énormément. »
Succès immédiat
Tout commence en 2015. Muriel, aujourd’hui âgée de 28 ans, et Marcelle Kuetche, 25 ans, passionnées de cinéma, se rencontrent sur un plateau de tournage. Elles se lient d’amitié et emménagent ensemble. Entre deux castings, les deux jeunes femmes font le « kongossa » (commérage). Les « drôles d’histoires » de Marcelle, plus connue sous le nom de Poupy, font rire sa colocataire ainsi que les visiteurs de passage dans leur appartement à Douala.
L’idée de lancer une websérie germe peu à peu dans leurs esprits. Durant des mois, elles observent la société, discutent avec des amis, écoutent, esquissent des scénarios et s’entourent d’une petite équipe de prise de vue. En juillet 2017, le premier épisode de Pakgne est en ligne. Il relate l’histoire d’une jeune fille envieuse qui passe son temps à emprunter des vêtements à sa copine pour paraître élégante.
Le succès est immédiat : plus de 200 000 vues sur leur chaîne YouTube et leur page Facebook. Vingt-trois épisodes et cinq mois plus tard, la première saison affiche de bonnes statistiques : plus de 9 millions de vues cumulées sur YouTube et Facebook.
A la deuxième saison, les courtes vidéos (entre trois et treize minutes) sont plus travaillées et les actrices invitent de jeunes artistes de la musique urbaine camerounaise, ce qui séduit de nouveaux fans. Le premier épisode, lancé en janvier 2018 avec pour invité le rappeur Mink’s, bat tous les records d’audience.
Un contrat avec Vox Africa
La raison du succès ? Les histoires choisies peignent le quotidien des Camerounais, comme lorsqu’une jeune femme invitée au restaurant par son petit ami commande les plats les plus coûteux après avoir débarqué avec une de ses amies. Dans un autre épisode, deux étudiantes inventent des histoires sans queue ni tête pour extorquer toujours plus d’argent à leur pingre de père.
« Elles brillent par leur dextérité à restituer la mentalité camerounaise, analyse Bonas Fotio, célèbre animateur et chroniqueur culturel du Cameroun. Et elles savent jouer sur la notoriété d’artistes célèbres pour booster l’intérêt autour de leur série… En plus, des jolies filles qui font rire, qui y résisterait ? » Ce qui n’empêche pas certaines critiques de s’exprimer, notamment concernant le manque d’inspiration dans les scénarios et les mauvais plans techniques dans les vidéos.
Un an après le début de l’aventure Pakgne, les deux jeunes femmes sont des actrices connues qui comptent plus d’un demi-million de fans sur les réseaux sociaux. Elles vivent de leur art. Egéries de nombreuses marques, elles ont signé un contrat de diffusion estimé à 100 millions de francs CFA (150 000 euros) avec la chaîne de télévision panafricaine Vox Africa, qui diffuse depuis peu la première saison.