En Ouganda, des manifestations pour la libération d’un opposant sévèrement réprimées
En Ouganda, des manifestations pour la libération d’un opposant sévèrement réprimées
Le député Robert Kyagulanyi, plus connu sous son nom de chanteur, Bobi Wine, a été arrêté et inculpé par un tribunal militaire.
Des manifestants demandent la libération du député ougandais Robert Robert Kyagulanyi, à Kampala, le 20 août 2018. / STRINGER / AFP
Des quartiers de la capitale ougandaise, Kampala, ont été bouclés pendant quelques heures, lundi 20 août, par la police et l’armée, qui ont utilisé gaz lacrymogènes et tirs à balles réelles pour disperser des manifestants venus protester contre l’arrestation du chanteur et député Bobi Wine. Robert Kyagulanyi, plus connu sous le nom de Bobi Wine, avait été arrêté le 14 août à Arua (nord-ouest), où il était venu soutenir le candidat de son parti à une élection législative partielle. Il a été inculpé par un tribunal militaire deux jours plus tard.
L’arrestation de celui qui, depuis son élection à l’Assemblée nationale en 2017, s’est imposé comme un porte-parole de la jeunesse ougandaise et un détracteur virulent du président Yoweri Museveni, a mécontenté nombre d’Ougandais. Les manifestants ont mis le feu à des pneus et à des palettes en bois, bloquant le trafic dans le centre de la capitale, et lancé des pierres en direction des policiers, a rapporté un journaliste de l’AFP.
Des policiers anti-émeute et des soldats ont pris le contrôle des rues entourant le marché animé de Kireka, et des véhicules blindés ont été positionnés à des intersections clés pendant que les forces de sécurité faisaient évacuer des quartiers entiers. Des centaines de commerçants et passants effrayés ont dû quitter les lieux sur une unique file, les mains en l’air, comme ordonné par des soldats équipés de matraques. Sur la rue Nasser, site de nombreuses imprimeries et papeteries, les soldats ont forcé des centaines de personnes à s’agenouiller, les mains en l’air, pendant qu’ils patrouillaient la zone.
Coup monté
Un photographe de l’agence de presse Reuters, James Akena, a indiqué avoir été détenu pendant plusieurs heures et battu par des soldats. « Je me tenais avec mon appareil photo près de la manifestation. Soudainement, plusieurs soldats m’ont battu. J’ai quelques contusions et ma main est enflée. Ils ont toujours mon appareil et je ne sais pas quand ils me le rendront », a-t-il déclaré.
Selon la police, deux armes à feu ont été retrouvées dans la chambre d’hôtel de Bobi Wine à Arua. La possession illégale d’arme à feu est un délit passible de comparution devant la justice militaire, selon la loi ougandaise. Vendredi, son épouse et son avocat ont dénoncé un coup monté et accusé les forces de sécurité d’avoir brutalisé en détention la pop star.
Le président Museveni a contre-attaqué dans un communiqué, ce week-end, en qualifiant les accusations des proches de Bobi Wine de « fake news » (fausses informations) et en accusant le député de « terrorisme » destiné à intimider les électeurs du parti au pouvoir. M. Museveni, âgé de 74 ans et au pouvoir depuis 1986, a récemment fait supprimer la limite d’âge pour être candidat à la présidentielle, se donnant la possibilité de se représenter en 2021.