« Hypocrisie », tentative de « discréditer » #metoo : les réactions aux accusations contre Asia Argento
« Hypocrisie », tentative de « discréditer » #metoo : les réactions aux accusations contre Asia Argento
L’actrice aurait versé 380 000 dollars à un acteur qui l’accusait d’agression sexuelle lorsqu’il était encore mineur. Ni elle, ni son accusateur n’ont encore réagi.
Asia Argento au Festival de Cannes en mai 2013. / JOEL RYAN/INVISION/AP
Les révélations du New York Times concernant l’actrice Asia Argento ont suscité de premières réactions parmi les figures de proue du mouvement #metoo, alors que l’avocat d’Harvey Weinstein a dénoncé, lundi, « l’hypocrisie » de l’actrice, accusée d’agression sexuelle.
Ces informations « révèlent le niveau frappant d’hypocrisie d’Asia Argento, une des principales voix à avoir tenté de détruire Harvey Weinstein », a estimé Ben Brafman, l’avocat du producteur déchu. Il a dénoncé la « duplicité de son comportement », ajoutant que cette affaire « devrait démontrer à tous que les accusations contre M. Weinstein ont été mal vérifiées ».
« Discréditer le mouvement »
Selon le New York Times, qui s’appuie sur des documents envoyés par une source non identifiée, l’actrice italienne a versé en avril la somme de 380 000 dollars à l’acteur et musicien Jimmy Bennett, qui l’accuse d’agression sexuelle dans un hôtel californien en 2013. A l’époque, il n’avait que 17 ans, alors que l’âge légal du consentement à une relation sexuelle est de 18 ans en Californie. La comédienne était, elle, âgée de 37 ans.
Asia Argento est devenue à l’automne 2017 une des meneuses du mouvement #metoo, après avoir accusé le producteur américain Harvey Weinstein de l’avoir violée alors qu’elle n’avait que 21 ans. Mis en cause par une centaine de femmes pour des abus sexuels, Harvey Weinstein a été formellement inculpé de viol, d’acte sexuel forcé et de fellation forcée, sur trois femmes différentes. Il plaide non coupable et assure que toutes ses relations sexuelles ont été consenties.
L’actrice Rose McGowan, première accusatrice d’Harvey Weinstein, a réagi lundi de manière prudente aux révélations sur Asia Argento, en affirmant avoir « le cœur brisé » à la suite de ces informations. « Personne d’entre nous ne connaît la situation et je suis sûre que d’autres choses vont être révélées. Soyez mesurés », a-t-elle écrit sur Twitter.
La militante Tarana Burke, à l’origine du mouvement #metoo, craint que « les gens n’utilisent cette histoire pour discréditer le mouvement ». Elle explique sur Twitter que chacun doit être responsable de son comportement individuel, et que « la violence sexuelle est liée au pouvoir et au privilège. Peu importe qu’il s’agisse de votre actrice préférée, d’un activiste ou d’un professeur, et quel que soit son genre. »
L’accusateur prépare sa réponse
La journaliste française Sandra Muller, qui avait lancé l’équivalent français du mouvement #metoo, a affirmé au Parisien que l’affaire Asia Argento « tomb[ait] bien pour décrédibiliser ces femmes qui dérangent ».
En revanche, aucun des deux protagonistes de l’affaire n’a réagi. Les avocats de Jimmy Bennett ont déclaré que l’acteur prendrait « les prochaines vingt-quatre heures, ou davantage, pour préparer sa réponse ». Les représentants d’Asia Argento n’ont pas souhaité faire de commentaire.
A la suite des révélations du NYT, les autorités de Los Angeles ont précisé qu’elles allaient rechercher davantage d’informations sur ce qui s’était passé entre Asia Argento et Jimmy Bennett en 2013. Dans la déclaration d’intention de poursuite en justice, les avocats de l’acteur demandaient 3,5 millions de dollars de dommages et intérêts à la comédienne pour lui avoir « infligé de manière intentionnelle une détresse émotionnelle et des pertes de salaire » à la suite de ces événements, selon le quotidien américain.