Donald Trump le 20 août à la Maison Blanche. / MANDEL NGAN / AFP

Tensions avec la Turquie, conflit commercial avec la Chine, politique monétaire de la Fed, Corée du Nord. Le président des Etats-Unis revient lundi 20 août sur ses choix politiques dans un entretien accordé à l’agence de presse américaine Reuters.

  • Sur la Chine

Trump n’attend pas grand-chose des discussions commerciales avec la Chine prévues cette semaine à Washington. Le président américain a ajouté qu’il ne se fixait pas de limite dans le temps pour sortir du contentieux commercial entre Pékin et Washington. « Comme eux, j’ai une stratégie à long-terme », a-t-il dit.

Il a par ailleurs accusé la Chine, tout comme les pays de la zone euro, de manipuler leurs devises respectives.

  • Sur la Turquie

Trump a exclu la moindre concession vis-à-vis d’Ankara en échange de la libération du pasteur américain Andrew Brunson, accusé de terrorisme par la justice turque, ajoutant n’être absolument pas préoccupé par les conséquences des droits de douane qu’il a imposés en guise de riposte. « Je pense que ce que fait la Turquie, c’est très triste. Je pense qu’ils font une terrible erreur. Il n’y aura pas de concessions », a-t-il déclaré.

Le pasteur Brunson, accusé de terrorisme par la Turquie, a passé plus de vingt mois en détention avant d’être assigné à résidence en juillet dernier.

Au cours de l’interview à Reuters, Trump a également confié qu’il pensait avoir un accord avec son homologue turc, Recep Tayyip Erdogan, quand il est intervenu auprès d’Israël pour obtenir la libération d’une ressortissante turque.

« J’ai fait sortir cette personne pour lui. J’attends de lui qu’il laisse cet homme tout à fait innocent et merveilleux, un grand-père et un grand chrétien, sortir de Turquie. »
  • Sur la Corée du Nord

Trump a jugé qu’il était « probable » qu’il reverrait le dirigeant nord-coréen Kim Jong-un à la suite de leur sommet historique de juin dernier à Singapour. « C’est le plus probable, mais je ne veux pas faire de commentaire. »

La « grande alchimie » qui s’est installée entre Kim et lui, a-t-il ajouté, a permis d’éloigner les perspectives d’une nouvelle guerre de Corée de l’été dernier, quand les tensions étaient à leur comble entre Washington et Pyongyang.

« Je l’aime bien, il m’aime bien (…) J’ai de très bonnes relations personnelles avec le président Kim, et je pense que c’est ce qui fait tenir les choses », a-t-il dit, évoquant l’arrêt des essais balistiques de la République populaire démocratique de Corée (RPDC).

Il s’est également vanté d’avoir obtenu plus de résultats en travaillant « trois mois » sur le dossier nord-coréen que ses prédécesseurs en trente ans. « J’ai stoppé les essais nucléaires (de la Corée du Nord). J’ai stoppé les essais de missile. Le Japon est emballé. Que va-t-il se passer ? Qui sait ? Nous verrons », ajoute-t-il.

  • Sur la Russie

Donald Trump a qualifié d’« excellente » sa rencontre de deux heures avec son homologue russe Vladimir Poutine le mois dernier à Helsinki.

« Nous avons parlé d’Israël, de la Syrie, de l’Ukraine », détaille-t-il, précisant avoir « mentionné la Crimée, comme toujours quand je parle de l’Ukraine ».

Trump assure qu’à aucun moment Poutine ne lui a demandé de lever les sanctions américaines prises contre Moscou.

« Je n’envisage pas de le faire », a ajouté le président américain. « Je l’envisagerai seulement s’ils font quelque chose qui est bon pour nous. (…) Il y a beaucoup de bonnes choses que nous pouvons faire l’un pour l’autre. La Syrie, l’Ukraine, plein d’autres choses… »
  • Sur l’Iran

Le chef de la Maison blanche assure qu’il n’a « jamais dit » qu’il rencontrerait les dirigeants iraniens. « Si (le président iranien Hassan Rohani) veut que l’on se rencontre, soit. S’il ne veut pas qu’on se voit, je m’en fiche (…) Je n’ai pas demandé de rencontre. »

Sur l’enquête russe

Trump a dit à Reuters être inquiet que toute déclaration qu’il pourrait effectuer sous serment lors d’une éventuelle audition par le procureur spécial Robert Mueller puisse être utilisée pour porter des accusations de parjure contre lui.

Il déclare craindre que les enquêteurs comparent son potentiel témoignage avec celui des autres personnes interrogées par l’équipe de Mueller, comme l’ancien directeur du FBI James Comey, très critique envers Trump, pour trouver des divergences et les utiliser contre lui.

« Si je dis quelque chose et que lui (Comey) dit quelque chose, c’est ma parole contre la sienne, et il est le meilleur ami de Mueller, donc Mueller pourrait dire : Bon, je crois Comey”, et même si je dis la vérité, ça fait de moi un menteur. Ce n’est pas bien ».

En dépit de ses inquiétudes, Trump n’a pas voulu dire s’il accepterait ou non d’être interrogé par Mueller, qui enquête sur les soupçons d’ingérence russe dans l’élection présidentielle de 2016 et une possible collusion entre l’équipe de campagne Trump et des responsables russes.

Le président américain a souligné avoir le pouvoir d’intervenir dans cette enquête, mais avoir décidé de ne pas le faire jusqu’à présent.

Il a de nouveau refusé de blâmer la Russie pour toute ingérence dans l’élection de 2016, contrairement aux conclusions de ses services de renseignement.