Au Zimbabwe, la Cour constitutionnelle valide l’élection d’Emmerson Mnangagwa
Au Zimbabwe, la Cour constitutionnelle valide l’élection d’Emmerson Mnangagwa
La plus haute instance judiciaire du pays a estimé que les accusations de fraudes avancées par l’opposition n’avaient pas été prouvées.
Le président zimbabwéen, Emmerson Mnangagwa, inspecte la garde d’honneur à Harare, le 14 août 2018. / JEKESAI NJIKIZANA / AFP
La Cour constitutionnelle du Zimbabwe a sans surprise validé l’élection du président sortant, Emmerson Mnangagwa, vendredi 24 août, estimant que les accusations de fraudes et de manipulations au scrutin du 30 juillet avancées par l’opposition n’avaient pas été prouvées.
« La requête [de l’opposition] est rejetée […]. Emmerson Mnangagwa est déclaré vainqueur de l’élection présidentielle », a annoncé le président de la plus haute instance judiciaire du pays, Luke Malaba, en conclusion de la longue lecture de son arrêt. « En dernière analyse, la cour estime que le requérant n’a pas présenté devant elle de preuves claires, directes et suffisantes » des irrégularités alléguées, a justifié le juge Malaba.
La commission électorale avait annoncé début août la victoire de M. Mnangagwa en le créditant de 50,8 % des suffrages, contre 44,3 % à son rival du Mouvement pour un changement démocratique (MDC), Nelson Chamisa. Arguant de nombreuses irrégularités, le MDC a contesté ces résultats devant la plus haute instance judiciaire du pays.
Lors d’une audience devant la Cour constitutionnelle retransmise toute la journée en direct par la télévision nationale – une première dans le pays –, les avocats de M. Chamisa avaient longuement contesté ces résultats. « Nous avons là une tentative massive de dissimulation, nous sommes confrontés à une tentative de manipulation grossière, avait résumé l’un d’eux, Thabani Mpofu. Une nouvelle élection est inévitable. Ce scrutin doit être annulé. »
Les défenseurs d’Emmerson Mnangagwa avaient balayé ces accusations d’un revers de manche et dénoncé des « mensonges » et le dossier « vide de preuves » des plaignants. « Cette requête en annulation n’a pas de fondement sérieux », avait argumenté l’avocat Lewis Uriri.
Sanglante répression d’une manifestation
Depuis son arrivée aux commandes du Zimbabwe, en novembre, M. Mnangagwa, un ancien proche de Robert Mugabe, a promis de tourner le dos à son régime autoritaire et corrompu et de relancer l’économie d’un pays au bord de la faillite.
De fait, la campagne électorale est apparue plus ouverte que lors des scrutins précédents, systématiquement entachés de violences et d’intimidations du pouvoir contre ses adversaires. Mais la sanglante répression par l’armée d’une manifestation de l’opposition dans les rues de Harare deux jours après le scrutin, qui s’est soldée par six morts, a ravivé le spectre du passé.
Les observateurs internationaux ont pour la plupart accordé leur onction au déroulement du scrutin. Seuls ceux de l’Union européenne (UE) ont relevé une « inégalité des chances » entre le sortant et ses rivaux, notamment en matière d’accès aux médias audiovisuels publics.
La validation des résultats du scrutin a été largement anticipée par les analystes, qui jugeaient très faibles les chances de succès de la requête déposée par l’opposition. « Il n’y a absolument aucune chance pour qu’ils invalident les résultats de l’élection, avait pronostiqué à l’AFP Derek Matyszak, de l’université du Zimbabwe. La justice est considérée comme partisane. »
La requête du MDC a provoqué le report de la cérémonie d’investiture du président Mnangagwa, prévue le 12 août. Sa victoire désormais confirmée, elle doit se tenir d’ici à dimanche.