Facebook rend accessible son service de vidéos Watch en France et partout dans le monde. Désormais, cet onglet ne sera plus réservé aux seuls Etats-Unis, comme c’était le cas depuis son lancement il y a un an, a annoncé mercredi 29 août Fidji Simo, la responsable de la vidéo pour le réseau social. On peut y trouver de l’info, du divertissement ou du sport, avec des vidéos publiées par la chaîne CNN ou encore Jada Pinkett Smith, la femme de l’acteur Will Smith, ainsi que certains matchs de base-ball.

Facebook poursuit ainsi son offensive dans la vidéo. Face à ses concurrents, comme YouTube, Netflix, Amazon ou encore Instagram (qui appartient à Facebook), sa stratégie est hybride : avec Watch, l’entreprise cherche à créer un espace proposant des vidéos de meilleure qualité que celles publiées par tout un chacun dans le newsfeed, le fil sur lequel chaque utilisateur consulte les contenus de ses amis et des pages qu’il suit.

Mais, pour autant, Facebook ne se lance pas à corps perdu dans la course au financement de « contenus originaux », séries ou films, comme Netflix, Amazon, HBO ou Disney. Contrairement à ces services payants ou à la section Discover de Snapchat, Watch se veut une « plate-forme ouverte » où les « créateurs » – célébrités, éditeurs indépendants ou médias traditionnels – pourront publier des vidéos. Sans toutefois proposer le foisonnement de contenus, souvent amateurs, présent sur YouTube (filiale de Google).

Un succès relatif aux Etats-Unis

L’originalité de Watch est son « interactivité », met en avant Mme Simo, citant la possibilité de regarder et commenter des vidéos à plusieurs ou de répondre à un quiz comme dans l’émission « Confetti ».

Il est difficile d’évaluer l’audience réelle de ce service depuis son lancement, car Facebook ne publie que certaines statistiques maison. Aux Etats-Unis, 50 millions d’utilisateurs regarderaient au moins une minute de contenus de Watch par mois, avance Facebook. Mais, selon une étude publiée le 21 août par l’institut The Diffusion Group, 50 % des utilisateurs américains de Facebook interrogés (sur 1 632 personnes) n’avaient jamais entendu parler de Watch, 24 % en avaient entendu parler sans l’utiliser.

Pour faire émerger Watch, Facebook compte sur l’évolution de son modèle économique : jusqu’ici, le réseau social a financé directement des contenus vidéo – avec, selon le Wall Street Journal, un budget de 1 milliard de dollars en 2018, un montant que Facebook refuse de confirmer ou infirmer. Ces investissements vont se poursuivre hors des Etats-Unis, précise Fidji Simo. Mais les éditeurs se rappellent que Facebook les avait au départ payés pour produire des vidéos en direct pour Facebook Live, avant d’arrêter, une fois le service bien établi.

Désormais, Facebook donne la possibilité aux créateurs de plusieurs pays, dont la France, d’insérer des coupures de publicité dans leurs vidéos sur Watch. Ils garderont 55 % des recettes, Facebook 45 %. Ce schéma vise à tenter d’intéresser certains médias ou des créateurs présents sur le rival YouTube.