Manga : l’âge d’or de « Weekly Shonen Jump », en sept chiffres (et autant de couvertures)
Manga : l’âge d’or de « Weekly Shonen Jump », en sept chiffres (et autant de couvertures)
Par William Audureau
De 1980 à 1996, la revue de prépublication japonaise a doublé son tirage et lancé plus de deux cents séries, dont plusieurs ont bercé les Français dans les années 1980 et 1990.
Il a lancé Dragon Ball, Naruto, One Piece, ou plus récemment, My Hero Academia et The Promised Neverland. L’hebdomadaire japonais Weekly Shonen Jump a fêté ses 50 ans cet été. A cette occasion, Pixels a analysé les 848 couvertures publiées lors de son âge d’or, de 1980 à 1996, quand la revue est passée de trois millions à six millions de lecteurs par semaine.
Le nombre de séries différentes à la « une » durant ces seize années. Revue de prépublication, Shonen Jump suit un modèle très industrialisé : presque chaque nouvelle bande dessinée est mise en avant à son lancement avant d’être interrompue, si elle ne prouve pas sa popularité dans les classements envoyés par les lecteurs. Cent vingt-quatre d’entre elles n’auront ainsi jamais le droit à une seconde couverture.
La majorité des séries de « Shonen Jump » sont inédites chez nous et n’ont connu qu’une carrière courte, comme cet étonnant « Genshoku Chōjin Paint-Man », alias « Paint-Man le super-héros aux couleurs primaires ». / Shueisha
Le nombre de « unes » consacrées à Dragon Ball. Les aventures de Goku, l’enfant-singe d’origine extraterrestre, est de loin la franchise qui a le plus tiré les ventes de l’hebdomadaire. L’épopée de Captain Tsubasa (Olive & Tom dans sa première traduction) et sa suite, Captain Tsubasa : World Youth, arrivent derrière avec trente-trois apparitions.
Dragon Ball a fait quarante-deux fois la « une » de « Shonen Jump », le record durant l’âge d’or du magazine. Ici, en 1987. / Shueisha
Le total de franchises de Weekly Shonen Jump exportées en France, que ce soit sous forme de mangas ou de dessins animés dérivés, depuis le space opera Cobra. On y trouve également des classiques comme Bastard !!, Video Girl Ai, DNA², JoJo’s Bizarre Adventures, Kenshin le Vagabond, Slam Dunk ou encore Yu-Gi Oh.
« Slam Dunk », à la « une » du « Shonen Jump » numéro 1191, en novembre 1992. Il s’agit alors de la série la plus populaire, avec « Dragon Ball ». / Shueisha
C’est, en années, le temps qu’il aura fallu pour que Stop !! Hibari-kun, comédie romantique de Hishashi Eguchi, soit traduite en français. Lancée en 1981, elle sortira en librairie à l’automne. D’autres comme Racailles blues, une des plus populaires de l’époque, ont attendu les années 2000 pour une version française. Quant à Ring ni kakero, manga de boxe culte de l’auteur de Saint Seiya, publié entre 1977 et 1981, il a dû patienter jusqu’à 2006 pour une simple édition sous-titrée du dessin animé qui en a été tiré.
Trente ans après, « Weekly Shonen Jump » continue d’alimenter les éditeurs français. « Stop!! Hibari-kun » sera traduit à l’automne 2018. / Shueisha
Douze adaptations de franchises de Weekly Shonen Jump en dessin animé ont directement alimenté la programmation de l’emblématique Club Dorothée, l’émission jeunesse phare de TF1, de 1987 à 1997. C’est une petite proportion des cent seize animés diffusés au moins une fois, mais il s’agissait souvent des plus populaires : Cat’s Eyes, Cobra, Dr. Slump, Dragon Ball, Fly, Ken le Survivant, Les Chevaliers du Zodiaque, Muscle Man, Nicky Larson, Olive & Tom, Un collège fou, fou, fou et Wingman. En revanche, Ranma 1/2, Sailor Moon ou encore Les Samouraïs de l’éternel venaient de magazines japonais concurrents.
« Cobra » et « Cat’s Eye » ont été deux des premières séries de la Shueisha traduites en France, par leur dessin animé. D’autres n’ont été importées que très récemment, comme « Ring no kakero ». / Shueisha
C’est le pourcentage de couvertures signées par Akira Toriyama, l’illustrateur le plus prolixe et le plus mis en avant. La plupart sont consacrées à ses deux séries phares, Dr. Slump et Dragon Ball, mais il réalise également des « unes » sur l’écurie de formule 1 McLaren, dont Shonen Jump est partenaire au Japon. Derrière lui, Yôichi Takahashi, spécialiste des séries sportives (Captain Tsubasa, Chibi, 100M Jumping, Ace !) et Masami Kurumada, roi des bandes dessinées de bagarre (Ring ni kakero, Otokojinka, Saint Seiya) arrivent second et troisième avec 6,13 % et 5,01 % des couvertures.
Locomotive commerciale de « Shônen Jump » avec « Dr. Slump » puis « Dragon Ball », Akira Toriyama a réalisé quelques illustrations de couverture inédites en France. / Shueisha
Une seule série a été diffusée de manière interrompue durant tout l’âge d’or de Shonen Jump. Il s’agit du manga comique Kochikame, sorte de Gendarme de Saint-Tropez japonais, iconique de la revue. Née en 1976, cette série s’est prolongée pendant quarante ans et sur près de deux mille chapitres, en faisant, selon le Guinness des records, la plus longue bande dessinée du monde. Elle demeure inédite en France — sa longueur ayant dissuadé plus d’un éditeur.
En 1994, « Kochikame » est fêté pour son 900e chapitre. Il frôlera les deux mille en bout de vie. / Shueisha