Deux polémiques ont été déclenchées coup sur coup ces derniers jours par les tenues vestimentaires de deux joueuses de tennis : l’Américaine Serena Williams, dont la combinaison noire a été jugée indésirable à Roland-Garros par le président de la Fédération française de tennis, et la Française Alizé Cornet, sanctionnée d’un avertissement à l’US Open pour avoir brièvement retiré son tee-shirt, qui était à l’envers, pendant un match.

Ces deux incidents sont venus rappeler que les organisateurs des tournois du Grand Chelem pouvaient parfois se montrer fort scrupuleux sur certains points. Pour autant, les règles du tennis n’ont pas toujours été aussi tatillonnes, et sujettes à de nombreuses évolutions. La preuve avec la raquette « spaghetti » du joueur américain Michael Fishbach. Un épisode surprenant que le New York Times a déterré de ses archives, vendredi 31 août, alors que se joue le troisième tour du tournoi new-yorkais.

C’est à la fin du mois d’août 1977 que ce jeune joueur de 23 ans est arrivé sur les courts de l’US Open. Connu pour son caractère fantasque et sa manière de jouer singulière, Fishbach pense avoir enfin trouvé la solution pour quitter le rang sans éclat qu’il occupe (200e mondial) : une raquette iconoclaste, dont le tamis a été enguirlandé de cordons de store vénitien, de tubes en plastique et de ruban adhésif. Le joueur a lui-même confectionné ce curieux outil en suivant les plans d’un horticulteur allemand mordu de tennis, Werner Fischer.

« On ne sait jamais ce qu’il va se passer avec ce foutu truc »

Le résultat est à la hauteur de ses espérances, du moins pour les premiers tours du prestigieux tournoi américain : Fishbach bat ses deux premiers adversaires, pourtant bien mieux classés que lui, grâce aux rebonds imprévisibles créés par les aspérités de sa raquette. Il est finalement sorti au troisième tour par John Feaver, qui déclarera à l’issue du match : « On ne sait jamais ce qu’il va se passer avec ce foutu truc. »

D’autres joueurs adopteront brièvement cet étrange ustensile, comme Ilie Nastase au grand prix d’Aix-en-Provence en octobre 1977. De rage, son adversaire quittera le court. La colère des « antispaghettis » remonte rapidement jusqu’aux instances du tennis : la fédération américaine de tennis interdit temporairement la raquette spaghetti, bientôt suivie par la fédération internationale, dont le verdict tombe en mai 1978 : le cordage de la raquette « doit être uniforme ». C’est la mort de la raquette spaghetti de Michael Fishbach.