Un « coup pour le gouvernement », mais qui ne laissera pas de traces. A l’issue d’un conseil des ministres qui s’est tenu vendredi 31 août à l’Elysée, Benjamin Griveaux l’a assuré : si la démission de Nicolas Hulot était « inattendue », elle ne change rien à la volonté de l’exécutif de « faire pour transformer le pays ». Pour preuve, le gouvernement sera « au complet » mardi 4 septembre, a promis le porte-parole, et les ministres se réuniront dès le lendemain en séminaire à l’Elysée, pour mettre sur les rails l’an II du quinquennat.

Ebranlé par le départ surprise du ministre de la transition écologique, annoncé mardi 28 août sur France Inter, Emmanuel Macron tente, depuis, d’en minimiser les conséquences. Le chef de l’Etat l’a encore répété vendredi devant ses ministres : si l’ex-animateur a claqué la porte, c’est par « choix personnel » et non à cause d’une divergence politique. D’ailleurs, son successeur reprendra la même feuille de route. « Ce n’est pas le départ d’une personnalité, aussi éminente soit-elle, qui remet en cause les politiques que vous conduisez », a insisté le porte-parole du gouvernement.

N’empêche, la fébrilité semble bel et bien avoir gagné les rangs de l’exécutif. Interrogé sur un possible report voire un abandon du prélèvement à la source, censé entrer en vigueur le 1er janvier 2019, M. Griveaux a confirmé que les deux options étaient sur la table. « Il est évident que nous n’allons pas mettre en place une réforme dont nous pensons qu’elle peut générer des incompréhensions ou des difficultés pour nos concitoyens. Les Français ne le comprendraient pas », a indiqué le porte-parole, qui s’est dit néanmoins « optimiste » sur la capacité de l’administration à apporter des réponses « dans les quinze jours qui viennent ».

« Moment de doute »

Plus que tout, Emmanuel Macron craint d’être accusé de ne pas tenir sa promesse de revaloriser le pouvoir d’achat des Français. « Le fil rouge de l’action de l’exécutif depuis un an, c’est le travail, [il faut] que le travail paye mieux et que ceux qui n’en ont pas en trouvent un (…) Toute l’énergie du gouvernement est tournée vers cela », rappelle-t-on à l’Elysée.

C’est dans cette optique que la majorité réfléchit à une modulation du taux de revalorisation des retraites. Le premier ministre Edouard Philippe a annoncé que les pensions n’augmenteraient que de 0,3 % en 2019 et 2020. Mais certains députés trouvent le coup de rabot trop sévère pour les petites retraites et plaident pour appliquer un taux différent selon son niveau de revenu.

« Pas de croissance, un pouvoir d’achat en berne, des résultats assez contrastés sur le front de l’emploi ou du déficit… Les Français traversent un moment de doute, où le contexte n’accrédite pas l’idée que le président est en train de tenir sa promesse de déblocage, analyse Chloé Morin, de l’institut Ipsos. Plus qu’envoyer des signaux de justice, Emmanuel Macron doit rassurer sur le fait que le redressement est amorcé, que les efforts payent, et que sa détermination à avancer est intacte. »

En attendant, le président de la République a prévu de plancher tout le week-end sur le remaniement. Selon son entourage, le chef de l’Etat devrait partager son temps entre l’Elysée et sa résidence de la Lanterne, à Versailles. Remplacement de M. Hulot poste pour poste ou revue plus large de l’effectif gouvernemental ? Les spéculations agitaient la Macronie vendredi. « Mais ce sont souvent ceux qui en savent le moins qui parlent le plus », met en garde un proche de M. Macron. Fin du suspense prévue mardi.