Un vrai jeu de chaises musicales. La nomination de François de Rugy au ministère de la transition écologique, mardi 4 septembre, en remplacement de Nicolas Hulot, entraîne mécaniquement des changements dans les postes à responsabilité au sein du Parlement.

M. Rugy, qui était jusque-là président de l’Assemblée nationale, devrait être remplacé à son poste par l’actuel chef de file des députés La République en marche (LRM), Richard Ferrand, selon plusieurs sources au sein de la majorité. Lors d’une réunion du bureau du groupe LRM, mardi, M. Ferrand a d’ailleurs annoncé qu’il se porterait candidat à cette fonction.

Cible de nombreuses critiques

L’actuel député du Finistère fait figure de grand favori pour occuper le perchoir, même si l’affaire judiciaire des Mutuelles de Bretagne qui le concerne est toujours à l’instruction. En choisissant ce macroniste de la première heure pour la présidence de l’Assemblée, l’exécutif prend donc le risque de placer à ce poste hautement stratégique un homme suspendu à une potentielle mise en examen.

Cible de nombreuses critiques au sein de la majorité pour sa gestion du groupe LRM, les actions politiques de M. Ferrand sont remontées à la hausse ces dernières semaines grâce à sa gestion, jugée réussie, de l’affaire Benalla à la fin de juillet. Beaucoup, au sein de la majorité, ont jugé l’ex-député socialiste « solide » au moment où le bateau macroniste tanguait de toutes parts.

Son arrivée au perchoir devrait être avalisée lors d’une élection au sein de l’Hémicycle, par les 577 députés du Palais-Bourbon. Si Emmanuel Macron désignait M. Ferrand comme son choix privilégié, son intronisation ne serait qu’une formalité, le groupe LRM disposant de la majorité absolue à lui seul.

Rivalités internes réveillées

Réaction en chaîne : le probable départ de M. Ferrand de la tête du groupe macroniste à l’Assemblée devrait donner lieu à une élection interne, parmi les 312 députés du groupe LRM, pour désigner son remplaçant à la présidence du groupe majoritaire.

Des sources au sein de la majorité désignent le vice-président du groupe, Gilles Le Gendre, comme le grand favori pour lui succéder. Spécialiste des questions économiques, cet ex-journaliste a déjà présidé plusieurs réunions de groupe ces derniers mois lorsque M. Ferrand a pu être absent. Des poids lourds de la majorité font état d’un accord entre Matignon et Richard Ferrand pour introniser le député de Paris à la tête du groupe.

Mais le départ de M. Ferrand de la tête du groupe pourrait aussi réveiller les rivalités internes existantes chez les députés LRM. Et plusieurs députés ne manquant pas d’ambition – en particulier dans la jeune génération – pourraient être tentés de briguer la tête du groupe majoritaire, en se déclarant à leur tour candidat face à M. Le Gendre. La nomination de M. Rugy va provoquer un vrai chamboule-tout. Un jeu de chaises musicales qui peut réveiller des ambitions et susciter des divisions internes.