« Brise Glace », ou l’ambition d’aborder les sujets qui dérangent
« Brise Glace », ou l’ambition d’aborder les sujets qui dérangent
Par Martine Delahaye
Dans ce podcast plutôt iconoclaste, des anonymes content le plus souvent leur rapport à la sexualité.
C’est en regardant la série d’animation pour adultes BoJack Horseman, sur Netflix, que Louisa, 30 ans, a mis le doigt sur ce qu’elle sentait bouillonner en elle depuis longtemps sans rien y comprendre. Un personnage de la série y expliquait ne jamais ressentir d’attraction sexuelle pour quiconque et être, en un mot, « asexuel ». Une révélation pour Louisa. « C’est comme si je l’avais toujours su mais qu’on ne m’avait jamais dit que ça existait. » Elle consulte alors le Web, s’aperçoit que le phénomène s’avère finalement assez répandu et, vivant très bien son non-désir sexuel, décide de faire son « coming out ». Ce qu’elle ressent comme « une nécessité » pour faire voler en éclats les idées reçues sur la sexualité.
Ce récit, réel, au cours duquel Louisa partage sa découverte du concept d’asexualité, fait partie des sept histoires de vie que compte à ce jour le podcast qu’a lancé au printemps le journal suisse Le Temps. A raison de deux récits d’une trentaine de minutes par mois, dont un qui a généralement trait à la sexualité.
« Ce n’était pas mon plaisir qui importait »
Il en va ainsi du témoignage de Charles, qui, il y a quelques mois, s’est donné un an pour expérimenter des relations sexuelles tarifées avec des hommes à Genève. Essentiellement en tant qu’escort, ce qui comprend des massages tantriques, des initiations BDSM ou du sexe conventionnel. Un questionnement taraude cependant Charles : « Que se passera-t-il si, face à quelqu’un qui ne me plaît pas, je me retrouve incapable de complètement “performer”, j’entends par là ne pas pouvoir, tout simplement… bander ? Qu’est-ce que je fais, alors que le client vient de me payer pour une heure ? »
Sa pratique du « travail du sexe » étant récente, il n’a pas encore eu à faire face à cette éventualité. « Mais j’ai réglé ça d’une certaine manière, ajoute-t-il, en me rendant compte que ce n’était pas mon plaisir qui importait : la seule chose qui compte, c’est leur plaisir, et je suis prêt à tout faire pour ça. »
L’on suit avec tout autant d’intérêt l’incursion que propose ce podcast dans la vie d’Hubert, un sportif en exosquelette qui tente d’apprivoiser son corps brisé, ou dans celle de Gabriela, accompagnatrice de suicide assisté.
« Brise glace », podcast animé par Célia Héron et Virginie Nussbaum. Disponible sur iTunes, SoundCloud et YouTube.