Stand Cartier à Genève en 2015. | Fabrice Coffrini / AFP

L’horlogerie suisse traverse une passe difficile et Richemont, dont 41 % des ventes reposent sur les montres de luxe, est confronté à la faiblesse de la demande mondiale. Comme prévu, la chute du bénéfice net du numéro deux du luxe mondial est spectaculaire sur le premier semestre 2016 : – 51 %, à 540 millions d’euros, selon les résultats publiés vendredi 4 novembre.

Les ventes de montres, sous les marques IWC, Piaget, Vacheron Constantin ou encore Officine Panerai, se sont contractées de 17 %, à 1,4 milliard d’euros. Le chiffre d’affaires baisse quant à lui de 13 %, à 5,08 milliards d’euros sur la même période. Sans les rachats exceptionnels de stocks et à taux de change constant, le recul aurait été de 8 %.

Désengorger les vitrines

Plusieurs marques horlogères du groupe ont en effet dû racheter cette année une partie de leurs propres stocks auprès des distributeurs multimarques – notamment à Hongkong – afin de désengorger les vitrines et réserves de leurs partenaires. Le but étant de remplacer les « invendus » par de nouveaux modèles susceptibles de relancer les ventes.

Les coûts liés à ces rachats de stocks mais aussi à la fermeture de points de vente sont estimés à 249 millions d’euros et ont contribué à faire plonger le résultat d’exploitation de 43 %, à 798 millions d’euros.

« Au 30 septembre 2016, le groupe disposait d’une trésorerie nette de plus de 4,55 milliards d’euros », précise Johann Rupert, le président du conseil d’administration de Richemont. Il ne souhaite pas commenter les réductions d’effectifs mais souligne la volonté du groupe de « résoudre la question de la surcapacité de ses outils de production [horlogère] en adaptant ses structures au niveau de la demande. »

« Nouvelle génération »

La joaillerie (39 % des ventes du groupe) semble mieux tirer son épingle du jeu (son recul de 13 %, à 2,75 milliards d’euros, s’explique par les mauvaises performances des montres, mais les bijoux de Cartier, Van Cleef et Giampiero Bodino se portent bien). Les autres activités, mode et accessoires, sont stables : – 1 %, à 886 millions d’euros.

Mais excepté la Chine, le Royaume-Uni et la Corée du Sud, le groupe souffre un peu partout dans le monde. La clientèle chinoise reste capitale pour le propriétaire de Cartier et Van Cleef & Arpels, qui précise que celle-ci continue à dépenser en montres, bijoux et accessoires, mais que les zones géographiques d’achat changent... L’Europe, le Japon, Macao ou Hongkong le ressentent. « Le marché est tellement mouvant », commente M. Rupert. Vendredi 4 novembre, il a annoncé de grands mouvements dans son équipe dirigeante afin de mieux répondre à cette fluidité du marché.

Le directeur général du groupe, qui prendra sa retraite le 31 mars, ne serait pas remplacé poste pour poste

Il a ainsi insisté sur le fait que le directeur général du groupe, Richard Lepeu, qui prendra sa retraite le 31 mars, ne serait pas remplacé poste pour poste. Chaque patron de marque en référera directement au conseil d’administration et à son président, celui-ci ne souhaitant ne pas faire reposer la responsabilité d’une trentaine d’unités sur une seule personne.

Parmi les changements envisagés, Georges Kern, à la tête d’IWC, prendra les rênes de l’horlogerie, du marketing et du numérique. Jérôme Lambert, PDG de Montblanc, aura la responsabilité des opérations. Nicolas Bos, PDG de Van Cleef & Arpels rejoint le conseil d’administration. L’Américain Gary Saage quittera ses fonctions de directeur financier le 31 juillet 2017 pour retourner aux côtés de sa famille aux Etats-Unis. L’actuel adjoint aux finances, Burkhart Grund, prendra sa suite. « Il est temps pour nous de prendre en compte une nouvelle génération », a estimé M. Rupert.