Selon Philippot, Marine Le Pen sait qu’elle n’accédera « jamais » à l’Elysée
Selon Philippot, Marine Le Pen sait qu’elle n’accédera « jamais » à l’Elysée
Par Lucie Soullier
Dans un livre à paraître le 19 septembre, l’ancien bras droit de la présidente du Rassemblement national assure que « la rupture s’est faite sur les idées ».
Rentrée politique des Patriotes de Florian Philippot, à Forbach le 2 septembre. / CYRILL BITTON / FRENCH-POLITICS POUR LE MONDE
« A de rares exceptions près, la direction du FN c’est l’univers de la paresse. » Cette fois, la rupture est consommée et éditée entre Florian Philippot et le parti d’extrême droite. Dans un livre à paraître le 19 septembre, celui qui fut l’inséparable conseiller de Marine Le Pen durant six années remue le couteau dans la plaie non cicatrisée de sa dernière présidentielle ratée : le « catastrophique » débat d’entre-deux-tours. Entre « la danse dite “des envahisseurs” » et « le débat sur l’euro où [elle] se noie complètement dans le sujet », ce soir-là, écrit-il, « elle fait peur » et « des millions de voix basculent, ou se perdent dans l’océan de l’abstention ». Voici Marine Le Pen foudroyée dès les premières pages du livre de son ancien bras droit, qui ne manque pas de rappeler d’emblée cette soirée qu’elle cherche tant à faire oublier.
Evidemment, Florian Philippot « ne cherche à enfoncer personne », et ce bien qu’il ait « dans [sa] besace beaucoup d’anecdotes qui [lui] permettraient de le faire aisément ». Tir de barrage, au cas où certains seraient tentés de riposter. Il ne manque tout de même pas de consacrer le premier chapitre de ce qu’il qualifie d’ouvrage « programmatique » à son départ tapageur.
Marine Le Pen « n’a jamais été très sûre de ses convictions »
« La rupture s’est faite sur les idées », assure-t-il un an après le divorce, et tient dans le titre de son livre : Frexit. Cette sortie de l’Union européenne, Florian Philippot la prône désormais à la tête de son petit parti souverainiste et europhobe, Les Patriotes. Le Front national, rebaptisé Rassemblement national, a quant à lui relégué la sortie de l’euro en dernière de ses priorités – loin derrière celle du rétablissement des frontières.
Au-delà des coups de griffe à son ex-patronne, qui « n’a jamais été très sûre de ses convictions », Florian Philippot explique le « changement de pied » de Marine Le Pen sur l’Europe par le retour de certaines « personnalités plus radicales » autour d’elle : sa sœur aînée Marie-Caroline et son mari Philippe Olivier (devenu son conseiller spécial), partis avec Bruno Mégret lors de la scission de 1999 ; Jean-Lin Lacapelle, « le vieil ami des soirées en boîte et des années’Génération Le Pen’» ; Philippe Vardon, ancien leader du bloc identitaire ; Axel Loustau, ancien militant du GUD, un groupuscule d’extrême droite radicale… Un entourage qui colorera « largement en bleu identitaire la campagne présidentielle de 2017 », analyse a posteriori Florian Philippot. Et des retours qui tiennent, selon lui, à l’exclusion de Jean-Marie Le Pen par sa fille, en août 2015, la poussant à « prouver que c’est toujours la famille qui tient la maison ».
Marion Maréchal, la ligne identitaire du parti
Autre influence qui aurait fait basculer Marine Le Pen, selon son ancien acolyte : la « droite hors les murs », avec entre autres les visites du soir de Patrick Buisson, l’ex-conseiller de Nicolas Sarkozy. « C’est durant la campagne présidentielle de 2017 que Marine Le Pen a définitivement cédé à ce courant d’union des droites, quoi qu’elle puisse encore aujourd’hui en dire publiquement », soutient-il. Car la présidente du Rassemblement national, pressée par certains chantres internes de l’union des droites, maintient coûte que coûte sa ligne du ni droite ni gauche.
Pour parfaire le tableau et « n’enfoncer personne », le « frexiteur » n’oublie pas d’énumérer les « dérapages » de ses anciens camarades frontistes. « Jean-Marie Le Pen est le spécialiste du genre, et sa petite-fille semble avoir hérité de ce talent. » Voilà enfin citée sa némésis au sein de l’ex-Front national : Marion Maréchal, partie avant lui et toujours appelée aujourd’hui, qui incarnait la ligne identitaire du parti.
Avant de refermer le premier chapitre, Florian Philippot porte le coup de grâce à Marine Le Pen, évoquant son « renoncement à la victoire » après le second tour de la présidentielle : « Elle avait compris : jamais elle n’accéderait à l’Elysée. » Côté RN, on balaye les critiques de « celui qui va partager 1 % des voix avec Asselineau aux européennes. S’il parvient à monter sa liste. » Sans enfoncer personne.