Le candidat du mouvement En Marche !, Emmanuel Macron, au Salon de l'agriculture de Paris, le 1er mars. | GEOFFROY VAN DER HASSELT / AFP

Candidat à la présidentielle pour le mouvement En marche !, Emmanuel Macron présente, dans la matinée du jeudi 2 mars, son programme à la presse. Ce document, d’une trentaine de pages, s’articule autour d’une « dizaine de grands thèmes, déclinés en de très nombreuses mesures », selon son équipe. La veille, il a accordé un entretien au quotidien Le Parisien/Aujourd’hui en France, dans lequel il lève le voile sur plusieurs éléments de son projet.

  • Interdiction de l’emploi de proche ou membre de la famille

Alors que les soupçons d’emplois fictifs concernant la famille du candidat de la droite François Fillon sont au cœur de l’actualité, l’ancien ministre de l’économie explique qu’il compte interdire aux parlementaires d’embaucher leurs proches. Une décision justifiée par le souci de « mettre fin au népotisme ». « Cette disposition vaut d’ores et déjà pour les cadres d’En marche ! », fait valoir M. Macron.

« Je ne suis pas du tout contre les emplois familiaux, quand on les rémunère sur ses propres subsides. Mais quand il s’agit d’argent public, on ne doit pas pouvoir embaucher ses proches. »
  • Sur la « loi de moralisation de la vie publique »

Le candidat, qui s’est engagé la semaine dernière lorsqu’il a scellé son alliance avec François Bayrou (Mouvement démocrate, MoDem) à mettre en œuvre une « loi de moralisation de la vie publique », en précise plusieurs autres volets. Il propose ainsi de « réduire drastiquement les conflits d’intérêts, en interdisant par exemple aux parlementaires d’exercer des activités de conseil ».

« On ne peut pas faire la loi pour tous tout en étant parallèlement au service de quelques-uns. »

M. Macron veut aussi « fiscaliser l’intégralité de la rémunération des parlementaires, notamment l’IRFM [l’indemnité représentative de frais de mandat] ». A ses yeux, un élu, s’il a des frais liés à son activité, « donner ses justificatifs, contrôlables par le fisc ». De nouvelles règles que le chef de file d’En marche ! entend appliquer « à toutes les fonctions électives et ministérielles ».

  • Mise en place d’un « système universel de retraite »

L’ancien ministre plaide pour « un vrai système universel de retraite », qui mettrait fin aux inégalités entre fonctionnaires et salariés du privé : « Les règles seront les mêmes pour tous les régimes. »

Promettant de ne pas modifier l’âge de départ et de ne pas baisser le niveau des pensions « durant le quinquennat », M. Macron souhaite, s’il est élu en mai, « engager dès le début, avec les partenaires sociaux les négociations » sur ce sujet.

« Un euro versé pour cotisation ouvrira droit aux mêmes droits, quels que soient votre secteur, votre catégorie ou votre statut. Pour celles et ceux qui sont à au moins cinq ans de la retraite, rien ne changera. »

A ses yeux, l’enjeu d’une telle réforme n’est pas d’assurer l’équilibre financier du système, mais de redonner de la « confiance » aux jeunes qui « ne croient plus » en le système actuel.

« La réforme va permettre d’accompagner les transformations de la société et les multiples évolutions de carrière des individus. Pour ceux qui ont changé plusieurs fois d’employeur, la reconstitution de carrière est aujourd’hui un casse-tête. Enfin, le système sera plus juste car l’actualisation sera calculée, à terme, en fonction de l’espérance de vie, qui n’est pas la même pour un ouvrier et un cadre supérieur. »

L’ancien ministre souhaite également mettre fin au régime spécial des parlementaires dans ce domaine.

  • En matière d’éducation, cap sur l’école primaire

Le candidat estime que le « cœur de la bataille » dans ce domaine se trouve avant l’entrée en 6e. « 20 % des jeunes en CM2 ne savent pas bien lire, écrire et compter », fait-il valoir. Pour lui, la solution passe par une plus grande autonomie des établissements, notamment en termes de recrutement et de pédagogie. Il compte en outre créer entre 4 000 et 5 000 postes au cours du quinquennat et réorienter entre 6 000 et 10 000 des postes créés sous François Hollande pour le CP et le CE1.

  • Sur la sécurité et le terrorisme : « un combat moral et civilisationnel »

M. Macron revient sur des thématiques qu’il a déjà abordées lors de précédentes interviews. Le candidat répète son souci de « réconcilier les jeunes [de certains quartiers difficiles] avec la République ». Selon lui, ce processus passe par la construction d’un « parcours de réussite par l’école, la culture, le travail, l’insertion économique ».

Il plaide, en outre pour un désenclavement des banlieues.

« Il faut rompre leur assignation à résidence. Tant que l’histoire de la République fait vivre des vies d’assiégés à celles et ceux qui sont dans ces quartiers, vous ne pouvez pas construire de lien avec ceux qui incarnent l’autorité de l’Etat. »

L’ancien ministre envisage également la création d’une police de proximité. En matière de lutte contre le terrorisme, d’ailleurs, il juge que les 10 000 créations de postes de policiers pendant le quinquennat serviront de fondement à un « vrai renseignement territorial », qui permettra d’anticiper de nouvelles menaces.

Il estime qu’il « n’y a pas de nouvelles mesures législatives à prendre » dans ce domaine. Quant à la levée de l’état d’urgence, M. Macron affirme qu’il évaluera la nécessité de maintenir ce dispositif « en fonction du niveau de risque décrit par les services de renseignement ».

Pourquoi Macron a-t-il autant de succès ?
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