La grève de la SNCF a dopé les « cars Macron » au printemps
La grève de la SNCF a dopé les « cars Macron » au printemps
Par Philippe Jacqué
Du fait de la grève du groupe public au deuxième trimestre, les cars à longue distance ont vu leur fréquentation bondir de 43 %.
Un Ouibus, à Paris, le 4 septembre 2015. / KENZO TRIBOUILLARD / AFP
C’était attendu, mais cela reste impressionnant. La grève perlée qui a immobilisé durant le deuxième trimestre un très grand nombre de trains a bénéficié largement aux « cars Macron ». « Avec 2,4 millions de passagers transportés, la fréquentation domestique a fait un bond de 43 % par rapport au même trimestre de l’année passée. Une progression inédite depuis 2016 qui se traduit par un chiffre d’affaires trimestriel de 36,2 millions d’euros hors taxe, en hausse de 40 % », indique l’Autorité de régulation des activités ferroviaires et routières (Arafer), le régulateur du secteur, dans un communiqué publié lundi 24 septembre.
Selon l’Autorité indépendante, « les opérateurs de cars longue distance ont réalisé leur meilleur trimestre depuis la libéralisation (en 2015), tant au niveau de la fréquentation que du chiffre d’affaires. » « C’est historique », assurait, en effet cet été, Isilines, la filiale de Transdev. Flixbus estimait pour sa part « la progression des réservations à 60 % en moyenne sur l’ensemble du réseau, par rapport à la même période l’an dernier ».
Même satisfaction chez Ouibus. « Par rapport à 2017, nous avons transporté 50 % de plus de voyageurs en plus, confirme Roland de Barbentane, le PDG de la filiale du groupe SNCF. Cela a permis de faire découvrir notre offre à de nombreux voyageurs. Et le bouche-à-oreille a bien fonctionné. L’été a été dans la continuité, avec des taux de remplissage inédits, qui ont progressé de 10 points, à 75 % en moyenne ! »
Un taux d’occupation des autocars historiquement haut
Selon l’Arafer, le conflit social du secteur ferroviaire n’explique pas toute la croissance du secteur : « L’effet des grèves dans le ferroviaire doit être apprécié comme un facteur de croissance supplémentaire d’un marché qui s’inscrivait déjà dans une tendance nette au développement depuis le 4e trimestre 2017. »
Le plus satisfaisant, pour les trois grands transporteurs, qui détiennent 90 % du marché, les conditions économiques ne cessent de s’améliorer. Au second trimestre, « avec un taux d’occupation des autocars historiquement haut de 61 %, le revenu moyen au kilomètre par autocar s’élève désormais à 1,3 euro hors taxe, et la recette au kilomètre par passager atteint le nouveau record de 5,1 centimes d’euro », calcule l’Arafer. Au second trimestre 2017, le taux d’occupation atteignait en moyenne 44,7 % pour une recette au kilomètre de 4,3 centimes…
Le décollage du marché, qui semble avoir perduré cet été selon les trois opérateurs, a permis l’entrée de quatre nouveaux transporteurs, qui ont utilisé la plate-forme Blablacar pour se lancer sur les routes. Mieux, l’emploi dans le secteur est reparti à la hausse. Selon l’Arafer, la libéralisation a pour l’instant permis de créer 2 542 « équivalents temps plein », 200 de plus qu’à fin 2017. Le secteur reste cependant encore loin des promesses faites en 2015 par Emmanuel Macron. Il assurait que 10 000 emplois seraient créés. C’est encore loin de la réalité.