L’UE va créer une entité pour commercer avec l’Iran
L’UE va créer une entité pour commercer avec l’Iran
Celle-ci permet de préserver les bénéfices économiques attendus par Téhéran contre son maintien dans l’accord nucléaire de 2015, malgré les sanctions américaines.
Le président de la République islamique d’Iran, Hassan Rohani, aux Nations unies, le 24 septembre. / TIMOTHY A. CLARY / AFP
Les Européens vont créer une entité spécifique pour pouvoir continuer à commercer avec l’Iran, notamment pour l’achat de pétrole, et échapper ainsi aux sanctions américaines, a annoncé lundi 24 septembre soir aux Nations unies la cheffe de la diplomatie de l’Union européenne (UE).
« Cela permettra aux compagnies européennes de continuer à commercer avec l’Iran conformément au droit européen et pourrait être ouvert à d’autres partenaires dans le monde », a-t-elle ajouté dans une déclaration lue conjointement avec le ministre des affaires étrangères, Mohammad Javad Zarif.
Federica Mogherini s’exprimait à l’issue d’une réunion consacrée à la sauvegarde de l’accord nucléaire de 2015, après la sortie fracassante des Etats-Unis de celui-ci en mai. Les représentants des six pays signataires encore membres de l’accord – France, Royaume-Uni, Chine, Russie, Allemagne et Iran – étaient présents à ce rendez-vous, organisé en marge de l’Assemblée générale annuelle de l’ONU.
Selon des sources européennes, ce « véhicule dédié » (Special purpose vehicle – SPV) pourrait agir comme une bourse d’échanges ou un système de troc sophistiqué permettant aux entreprises concernées d’échapper aux sanctions américaines.
Craintes de représailles américaines
Le président des Etats-Unis Donald Trump s’est retiré en mai de l’accord international sur le nucléaire iranien, censé empêcher Téhéran de se doter de la bombe atomique et de sortir parallèlement le pays de son isolement économique grâce à une levée des mesures qui l’étranglaient.
Washington a rétabli depuis une série de lourdes sanctions visant aussi les entreprises ou pays étrangers qui continueraient de faire affaire avec la République islamique. Sous la menace, nombre de grands groupes (Total, Daimler...) très engagés aux Etats-Unis ont depuis cessé toute activité avec l’Iran par crainte de représailles américaines.
Le 4 novembre, une nouvelle vague de sanctions frappera directement les exportations de pétrole iraniennes et les opérations bancaires avec ce pays qui va se retrouver de facto déconnecté des circuits financiers internationaux.
Les nouveaux canaux de paiement doivent « rassurer les acteurs économiques qui ont un commerce légitime avec l’Iran », a souligné devant la presse Mme Mogherini. Il s’agit de préserver les bénéfices économiques attendus par Téhéran en échange de son maintien dans l’accord et de son renoncement à un programme nucléaire militaire, a-t-elle expliqué en substance.