Duel glacial entre Philippe et Wauquiez lors de l’émission politique
Duel glacial entre Philippe et Wauquiez lors de l’émission politique
Le chef du gouvernement, qui s’était déjà frotté à la longue émission du service public il y a un an, a retrouvé le fauteuil de l’invité dans un contexte moins favorable que l’an dernier.
Le premier ministre Edouard Philippe et le président de LR Laurent Wauquiez. / GEOFFROY VAN DER HASSELT / AFP
Edouard Philippe a livré jeudi 27 septembre au soir un duel glacial au président du parti Les Républicains (LR) Laurent Wauquiez, en conclusion d’une « Emission politique » sur France 2. Le premier ministre a tenté de défendre l’action de l’exécutif sur les principaux dossiers chauds.
« Lorsqu’on mène des réformes qui transforment profondément le pays, et qui sont parfois difficiles à réaliser, on peut toujours être confronté à une première phase d’incrédulité, voire de désapprobation. (…) Il faut essayer d’y répondre, mais il faut aussi avancer », a plaidé le chef du gouvernement.
« Quand j’étais maire du Havre, il m’est arrivé de prendre des décisions qui étaient spontanément impopulaires, et de les assumer, et de les mettre en œuvre, et de les expliquer, et une fois qu’elles étaient terminées, cela donnait plutôt de bons résultats, y compris électoralement », a conclu le locataire de Matignon.
Le chef du gouvernement, qui s’était déjà frotté à la longue émission du service public il y a un an, a retrouvé le fauteuil de l’invité dans un contexte moins favorable. Quelque 47 % des personnes interrogés lors d’un sondage final ont trouvé le premier ministre « convaincant », contre 52 % il y a un an, avec un net recul chez les sympathisants de droite.
Démission de Nicolas Hulot, suites de l’affaire Benalla, annonce de départ anticipé et critiques à peine voilées de Gérard Collomb, polémiques sur les petites phrases du président Macron, flottements sur le prélèvement à la source, inquiétudes sur la croissance, grogne des retraités…
Parasitages
L’exécutif a tenté de reprendre la main ces dernières semaines, en parlant du fond des réformes, mais chaque séquence ou presque s’est retrouvée parasitée par des imprévus – en dernier lieu l’annonce par le ministre de l’intérieur Gérard Collomb qu’il quitterait le gouvernement au printemps 2019, afin de se consacrer à la reconquête de la mairie de Lyon en 2020.
Gérard Collomb « n’est pas candidat aujourd’hui, il est pleinement à sa tâche », a insisté jeudi soir le premier ministre. Ce dernier a par ailleurs souhaité « bonne chance » à l’ex-locataire de Matignon Manuel Valls, lancé dans une inédite candidature à la mairie de Barcelone.
Principale annonce sur le volet social : la dégressivité des allocations chômage peut être « envisagée » dans « certains cas », a déclaré le premier ministre. Alors que le gouvernement prépare une réforme de l’assurance-chômage, il a notamment mentionné les « salaires très élevés » et les personnes à « très forte employabilité ». Un risque politique alors que les cadres sont un des piliers électoraux de la majorité.
Sur l’extension de la procréation médicalement assistée (PMA) aux couples de lesbiennes et aux femmes seules, « on peut y aller », a-t-il dit, se disant « à titre personnel (…) plutôt favorable » à quelques mois du débat parlementaire sur cette question sociétale qui divise.
Débat d’ex-camarades
L’objectif de l’émission, selon Matignon, était de « poser le jeu, d’arrêter cette musique politicienne, de parler des sujets des Français », mais aussi de « reprendre le fil du récit du président de la République ».
Edouard Philippe, qui s’était activement préparé depuis dimanche, a retrouvé en fin d’émission son ex-camarade de parti Laurent Wauquiez pour un débat inédit. Un débat attendu entre deux quadras et surtout deux droites. Celle plus modérée de M. Philippe qui, au ban de LR sans en avoir été formellement exclu, n’a adhéré ni à La République en marche, ni à Agir, ce parti d’ex-LR pro-Macron. Et celle, dure, de M. Wauquiez, qui se veut le héraut d’une droite populaire dont Edouard Philippe et ses amis seraient déconnectés.
Le débat, consacré à l’immigration et l’Europe, a longuement tourné sur le fait de savoir si la France pouvait se permettre de délivrer quelque 250 000 titres de séjour comme en 2017.
Un niveau insoutenable pour M. Wauquiez, dont les propositions de quotas d’immigration fixés par le Parlement et de révision du droit du sol ont été repoussées par M. Philippe, qui a défendu la « politique équilibrée » de l’exécutif en matière d’immigration. « Vous avez un problème avec la vérité, M. Wauquiez », a lancé froidement le premier ministre quand le président de LR affirmait que la France soutenait l’élargissement de l’Union européenne à l’Albanie. « Vous avez un problème avec la réalité », lui a rétorqué son adversaire sur le même ton.