Australie : fermeture du centre de détention de réfugiés controversé de l’Île Christmas
Australie : fermeture du centre de détention de réfugiés controversé de l’Île Christmas
Le nombre des arrivées s’était réduit à peau de chagrin, en raison d’une politique très dure contre les clandestins.
Capture vidéo montrant, en 2013, le panneau d’entrée du centre de détention de l’immigration de l’île Christmas, en Australie. / STR / AFP
L’Australie a annoncé vendredi 5 octobre la fermeture d’un camp de rétention controversé pour demandeurs d’asile situé sur l’île Christmas, dans l’océan Indien, en claironnant le succès de sa politique très dure contre les clandestins tentant de gagner son territoire.
Canberra est vivement critiqué pour cette politique très restrictive mise en œuvre en 2013 par les conservateurs et qui consiste à repousser systématiquement les bateaux de réfugiés tentant de gagner illégalement ses côtes. Les migrants qui y parviennent sont relégués pour des durées indéterminées dans des camps de rétention sur l’île de Manus, en Papouasie-Nouvelle-Guinée, sur la minuscule île du Pacifique de Nauru, ou sur l’île Christmas, le temps que leur demande d’asile soit instruite.
« Le centre [de détention de l’île Christmas] est désormais fermé, la trentaine de détenus qui s’y trouvaient toujours ont été transférés ce week-end dans des installations d’Australie continentale », a déclaré à l’Agence France-Presse David Coleman, porte-parole du ministère de l’immigration.
L’île Christmas se trouve à 2 300 kilomètres au nord-ouest de Perth, capitale de l’Etat d’Australie-occidentale. Ouvert en 2008, son camp de détention de migrants a été le théâtre d’émeutes, de suicides ou encore d’actes d’automutilation. Canberra justifie sa politique contre les réfugiés par la nécessité de lutter contre les gangs de passeurs et de dissuader les migrants tentant la périlleuse traversée vers l’Australie.
« Ce gouvernement a mis un terme au trafic maléfique »
Le gouvernement australien essuie depuis des années les foudres des organisations de défense des droits de l’homme en raison du maintien sur des durées extrêmement longues des réfugiés, et notamment d’enfants, dans ces installations où les conditions de vie sont très dures. Même si la demande d’asile est fondée, ces clandestins ne sont pas autorisés à s’installer sur le sol australien. Ils ont le choix entre aller dans un pays tiers ou rentrer chez eux.
A une époque, les arrivées de clandestins originaires du Moyen-Orient ou d’Afghanistan étaient presque quotidiennes, quand leurs embarcations parties d’Indonésie ou du Sri Lanka ne faisaient pas naufrage en route.
« Au plus fort, en juillet 2013, il y avait plus de 10 000 personnes dans les centres de détention pour migrants, dont 2 000 enfants, a déclaré M. Coleman, en dénonçant la responsabilité des précédents gouvernements travaillistes. Ce gouvernement a arrêté les bateaux, mis un terme au trafic maléfique par les gangs de passeurs et sorti ces enfants de détention. »
Cette politique a effectivement été couronnée de succès, en ce que le nombre des arrivées s’est réduit à peau de chagrin, mais elle a divisé l’opinion australienne et terni la réputation internationale du pays. Nombre d’ONG ont ainsi étrillé une Nation très riche tournant le dos à des populations vulnérables.
Emeute et suicides
Le camp de l’île Christmas, qui compta aussi plus récemment des condamnés étrangers de droit commun dont les titres de séjour avaient été annulés, fut le théâtre d’une violente émeute en novembre 2015 après le décès d’un demandeur d’asile. Des renforts de la police australienne avaient été envoyés pour faire face à des prisonniers armés de machettes et de cocktails Molotov selon le témoignage d’un détenu.
Il fut un temps où, en raison d’une recrudescence de suicides, le personnel du centre avait, selon certains médias, reçu la consigne d’être en permanence muni d’un couteau pour couper les cordes utilisées par les détenus tentant de se pendre.
M. Coleman a indiqué que le camp de rétention serait entretenu afin de pouvoir, si besoin, être rapidement rouvert.
L’Île Christmas fut aussi en 2010 le théâtre d’un dramatique naufrage d’une embarcation de réfugiés qui avait fait 48 morts. Il s’était agi du pire naufrage d’un bateau de migrants tentant de gagner l’Australie depuis 2001.
A l’époque dans l’opposition, Scott Morrison, aujourd’hui premier ministre, s’était singularisé en déplorant le fait que le gouvernement travailliste paie à certaines familles de victimes le voyage jusqu’à Sydney pour les funérailles, des remarques qui lui avaient valu de vives critiques. Après l’alternance en 2013, c’est lui qui, en tant que ministre de l’Immigration, avait eu la charge de mettre en oeuvre la politique de tolérance zéro à l’égard des clandestins.