« Doctor Who » pour les nuls
« Doctor Who » pour les nuls
Par Pierre Trouvé, Morgane Tual
La série culte de science-fiction revient dimanche 7 octobre avec une saison 11 hors du commun : le célèbre héros est désormais une héroïne.
Rarement une saison de Doctor Who n’avait été aussi attendue. Pour la première fois, le rôle principal de la série, le Docteur, est incarné par une femme. Dimanche 7 octobre, le Royaume-Uni découvrira le premier épisode de la saison 11, avec l’actrice Jodie Whittaker. En France, il faudra attendre jeudi 11 pour le regarder sur France 4. Si vous n’avez jamais vu un seul épisode de cette série culte britannique, voici ce qu’il faut en savoir.
De quoi ça parle ?
D’un extraterrestre doté d’une machine à voyager dans le temps et dans l’espace et équipé d’un tournevis sonique.
OK, bye !
Pas de panique, on précise… Cet extraterrestre, donc, a l’apparence humaine et se fait appeler « Le Docteur » – il ne révèle jamais son véritable nom. Il voyage dans tout l’univers, à toutes les époques (avec, ô surprise, un goût particulier pour le Royaume-Uni). Chaque épisode se déroule donc dans un univers différent, où le Docteur devra résoudre un mystère pour sauver a) des personnes, b) l’humanité, c) l’univers.
Pourquoi c’est culte ?
Il faut déjà noter que Doctor Who est la plus vieille série de science-fiction toujours en cours. Lancée en 1963 par la BBC, elle fut interrompue en 1989 après 26 saisons. Avant de revenir en 2005 pour une nouvelle série, qui entame cette année sa onzième saison.
Au Royaume-Uni, plusieurs générations ont suivi Doctor Who, qui s’est imposé comme un rendez-vous télé familial. Chaque épisode y rassemble entre 4 millions et 8 millions de téléspectateurs. Par ailleurs, cette série mêlant habilement science-fiction et second degré a toujours attiré les passionnés de SF du monde entier. « Je crois que si cette série compte toujours autant, c’est parce qu’elle est vraiment excellente, estime Robin Bunce, historien à l’Homerton College à l’université de Cambridge. Il se trouve que les super-héros cartonnent, que Star Wars cartonne, et Doctor Who est en quelque sorte la version britannique de tout ça. »
Qui est le Docteur ?
« Je suis Le Docteur. Je suis un seigneur du temps. Je viens de la planète Gallifrey de la constellation de Kasterborous. J’ai 903 ans et je suis l’homme qui va vous sauver, ainsi que les 6 milliards d’humains de la planète Terre. Ça vous pose un problème ? » Ainsi se présentait le personnage principal dans la saison 1 de la nouvelle série, en 2005.
Intelligent, drôle et charismatique, le Docteur est une sorte de dandy de l’espace au grand cœur, à mi-chemin entre Superman saveur earl grey et le Père Noël. S’il frétille d’enthousiasme à chaque nouvelle aventure, il traîne aussi la mélancolie d’un passé mystérieux et tragique.
Pourquoi change-t-il de visage ?
Comme tout seigneur du temps, le Docteur a la capacité de se régénérer : au lieu de mourir, il se « régénère » et change ainsi entièrement d’apparence – et un peu de personnalité.
C’est en 1966 que le concept est intégré à Doctor Who. Confrontée aux problèmes de santé de William Hartnell, premier interprète du Docteur, la BBC choisit ainsi d’intégrer cette astuce scénaristique. Depuis, cela a permis d’assurer la continuité de la série sans dépendre de l’acteur incarnant le Docteur.
Jusqu’à présent, douze acteurs ont interprété le Docteur. Pour la première fois de son histoire, il sera interprété par une femme, Jodie Whittaker, qui incarnera le treizième Docteur.
L’actrice Jodie Whittaker incarne le treizième Docteur. / CHRIS PIZZELLO / INVISION / AP
Pourquoi le Docteur est-il soudain une femme ?
Le débat agitait les fans depuis plusieurs décennies : si le Docteur peut changer entièrement d’apparence, pourquoi ne pourrait-il pas se régénérer en femme ? Jusqu’ici, la BBC, qui produit la série, n’avait pas osé sauter le pas. Mais dans un mouvement général de féminisation de la pop culture, elle a finalement pris cette décision, au grand dam d’une frange de spectateurs hostiles à ce qu’ils qualifient de « politiquement correct ».
« Doctor Who a évolué avec la culture britannique, poursuit Robin Bunce. Nous sommes une société beaucoup plus ouverte aujourd’hui, donc les histoires de Doctor Who parlent de sexualité, de genre, de race. Doctor Who a toujours été politique. »
Pourquoi est-il généralement accompagné d’humains ?
La plupart du temps, le Docteur ne voyage pas seul : il est flanqué d’un ou de plusieurs humains, qui le suivent sur plusieurs épisodes, voire plusieurs saisons. Ce sont généralement des Britanniques issus de notre époque. Comme John Watson en son temps dans les Aventures de Sherlock Holmes, ces « compagnons » permettent aux téléspectateurs de s’identifier et de les guider dans les mondes étranges du Docteur, en partageant leur étonnement et leur émerveillement.
Les compagnons du Docteur ont longtemps été de belles jeunes femmes. Au fil du temps, leur profil s’est relativement diversifié – genre, âge, couleur de peau, orientation sexuelle… – afin de mieux refléter les évolutions de la société.
Qu’est-ce qu’un « dalek » ?
C’est l’une des figures les plus célèbres de Doctor Who : une race extraterrestre mutante n’aspirant qu’à la destruction, enveloppée d’une armure mécanique roulante, et qui hurle d’une voix robotique « exterminer, exterminer ! ». Les ennemis jurés du Docteur.
D’autres méchants emblématiques hantent l’histoire de Doctor Who, comme les cybermen, des cyborgs diaboliques, ou les anges pleureurs qui, bien qu’apparus en 2007 seulement, se sont depuis hissés parmi les ennemis les plus terrifiants de la série.
Et le Tardis ?
Le Tardis est la machine à voyager dans le temps et dans l’espace du Docteur. Son nom est l’acronyme de Time and Relative Dimension in Space, traduit en français par « temps à relativité dimensionnelle interspatiale ». Elle ressemble aux « police boxes » britanniques, ces petites stations auparavant disséminées partout dans les villes, où les policiers pouvaient passer des appels téléphoniques et se reposer. Cette forme résulte d’une panne du système de camouflage du Tardis, lors du premier épisode de la toute première saison.
Cette machine, plus grande à l’intérieur qu’à l’extérieur, dispose en outre d’une personnalité propre – celle-ci s’exprime rarement, mais est à l’origine de certains épisodes mémorables.
Ça n’est pas un peu kitsch, quand même ?
Doctor Who assume pleinement son esthétique carton-pâte. La série récente, lancée en 2005, s’inscrit volontairement, avec son style vintage, dans l’héritage des épisodes des années 1960. Le design grotesque des cybermen par exemple, a peu changé au fil des décennies, même s’il s’est modernisé.
Mais Doctor Who est surtout une série d’aventures joyeuse, drôle et tendre, soutenue par des dialogues savoureux et des moments d’émotion. Sans prétention, elle s’adresse à toutes les classes d’âge, et si la qualité des épisodes est inégale, les plus poignants sont de petits chefs-d’œuvre de la télévision.
Par où commencer si on n’a jamais vu un épisode ?
Bonne nouvelle, chaque épisode raconte une histoire à part entière et peut se voir indépendamment des autres. Mais vous trouverez des conseils plus précis ici :