"CE VOTE VOUS COLLERA À LA PEAU COMME UNE INFAMIE !"
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« Ce vote vous collera à la peau comme une infamie. » François Ruffin a exprimé sa colère jeudi 11 octobre à l’Assemblée nationale face au vote des députés La République en marche (LRM) retoquant une proposition de loi pour « l’inclusion des élèves en situation de handicap ».

Lors d’une prise de parole retentissante, le député Insoumis a fustigé le choix des députés (70 voix contre 54) de voter une « motion de rejet préalable », c’est-à-dire avant l’examen de ses articles dans l’hémicycle. « Vous empêchez carrément le débat, vous l’interdisez », a dénoncé M. Ruffin.

Cette proposition de loi, à l’initiative du député Les Républicains (LR) Aurélien Pradié mais soutenu par la France insoumise, prévoyait notamment un statut unique « d’accompagnant à l’inclusion scolaire », mieux rémunéré, pour les auxiliaires de vie scolaire (AVS) ou les accompagnants des élèves en situation de handicap (AESH). Elle visait aussi à « décloisonner » l’accompagnement entre scolaire et périscolaire.

« Nous avons, dans le pays, des femmes, des milliers de femmes, qui accompagnent les enfants handicapés dans les écoles. Pour ce métier, elles sont sous-payées, 600 euros, 700 euros, sous le seuil de pauvreté, avec des contrats ultra-précaires, sans formation, sans qualification », a lancé le député Insoumis. « Pour changer ça, depuis le début de votre mandat, quelle proposition de loi avez-vous portée ? Rien. Aucune », a insisté l’élu de la Somme.

Admettant que la proposition de loi était « nettement améliorable », M. Ruffin a expliqué au micro de l’hémicycle que « les Insoumis, mais également les communistes, les socialistes, les UDI, les républicains » avaient déposé de nombreux amendements en Commission. « Vous, les Marcheurs ? Aucun. Vous n’avez même pas participé aux échanges. Vous vous êtes contentés, en groupe, en troupeau, de voter contre, contre, contre, contre, de lever la main en cadence, comme des Playmobils », a-t-il regretté dans un discours emporté.

Comme promis, le député a d’ailleurs publié vendredi le nom des 70 députés ayant voté la « motion de rejet préalable » lors de ce scrutin public. « Nulle délation, juste de l’information sur les choix de vos élus », écrit-il sur son site.

Aurélien Pradié fustige le « mépris » des députés LRM

« Personne ne peut décemment regarder dans les yeux ces familles, ces enfants, ces adolescents, ces accompagnants et leur dire que l’urgence est ailleurs », avait plaidé jeudi Aurélien Pradié, fustigeant le « mépris » des députés LRM. L’élu du Lot a rappelé que « le nombre d’élèves [en situation de handicap] accueillis est passé d’environ 100 000 en 2006 à (…) 340 000 en 2018 », de nombreux élèves étant restés sans solution d’accompagnement à la rentrée.

Le ministre de l’éducation nationale, Jean-Michel Blanquer, a de son côté reconnu que le texte comportait « bien entendu des éléments intéressants » sur cette « priorité gouvernementale », tout en refusant d’être « caricaturé comme quelqu’un qui ne voit pas les difficultés actuelles et les pistes d’amélioration ».

Il a notamment souligné qu’à la rentrée 2018, « 20 000 élèves de plus que l’an dernier » avaient été accueillis, observant aussi que le statut unique prôné par M. Pradié est « très précisément la feuille de route que nous nous sommes fixée ».

« Il y a donc un chemin qui est pris qui est clairement conforme à ce que vous appelez de vos vœux », a-t-il affirmé au député LR, ajoutant que ses « pistes de réflexion » pourront être le point de départ d’une concertation prévue fin octobre devant le Conseil national consultatif des personnes handicapées (CNCPH).

« Ce n’est pas par la loi qu’on va changer les choses car nous avons tous les ingrédients pour réussir », a assuré par la suite la secrétaire d’Etat aux personnes handicapées, Sophie Cluzel, renvoyant elle aussi à la concertation.