La Guadeloupéenne Maryse Condé remporte le « nouveau prix de littérature », alternative au Nobel
La Guadeloupéenne Maryse Condé remporte le « nouveau prix de littérature », alternative au Nobel
L’écrivaine de 81 ans, auteure d’une trentaine de romans portant notamment sur l’esclavage et le colonialisme, a été choisie par un vote populaire.
L'écrivaine Maryse Condé, lors de sa participation à l'enregistrement de l'émission littéraire "Vol de nuit", en 2003. / MARTIN BUREAU / AFP
Souvent pressentie pour le prix Nobel, l’écrivaine guadeloupéenne Maryse Condé a remporté vendredi 12 octobre « le nouveau prix de littérature » institué par la « Nouvelle Académie ».
En raison d’un scandale sexuel touchant l’Académie suédoise, à la suite d’accusations d’agressions et de viols portées par dix-huit femmes contre l’époux d’une académicienne, l’institution n’a en effet pas été en mesure de remettre un prix Nobel de littérature pour l’année 2018.
C’est donc pour compenser cette absence qu’a été créé ce nouveau prix, décerné à Maryse Condé. « Dans ses œuvres, avec un langage précis », celle-ci « décrit les ravages du colonialisme et le chaos du post-colonialisme », a fait valoir la Nouvelle Académie lors de l’annonce du prix à la Bibliothèque publique de Stockholm.
Née en février 1937 à Pointe-à-Pitre (Guadeloupe), Maryse Condé a publié une trentaine de romans portant notamment sur l’esclavage et l’Afrique, ainsi que des pièces de théâtre et des essais. Son dernier livre, Le Fabuleux et Triste Destin d’Ivan et d’Ivana (éd. JC Lattès), est paru en 2017, deux ans après Mets et Merveilles, qu’elle avait annoncé comme son ultime ouvrage.
« Je suis très heureuse et très fière d’avoir ce prix, mais permettez-moi de le partager avec ma famille, avec mes amis et surtout avec tous les gens de la Guadeloupe […] qui seront émus et heureux de me voir récompensée », a-t-elle réagi dans une vidéo, peu après l’annonce.
Financement participatif et mécénat
Maryse Condé a été désignée parmi une liste établie par quarante-sept bibliothécaires suédois, ensuite ramenée à quatre noms par un vote populaire (33 000 contributions, selon les organisateurs) : la Française Maryse Condé, le Britannique Neil Gaiman, la Québécoise Kim Thúy et le Japonais Haruki Murakami. Celui-ci, favori dans la course au Nobel, a demandé à être retiré de la liste, préférant « se concentrer sur l’écriture, loin de l’attention des médias ».
Quatre jurés — une éditrice, une professeure de littérature, un critique littéraire et la directrice d’une bibliothèque, tous suédois — ont ensuite été chargés de désigner le lauréat final.
Le prix — un million de couronnes (environ 97 000 euros), soit un peu plus du dixième du chèque perçu par les lauréats d’un Nobel — est doté par financement participatif et mécénat.
Il sera remis le 9 décembre, la veille du banquet des Nobel, traditionnellement dressé à l’hôtel de ville de Stockholm en l’honneur des lauréats de l’année (physique, chimie, médecine, littérature, économie, outre le prix de la paix, décerné à Oslo), en présence de la lauréate.