Progresser en orthographe, c’est devenir meilleur en mathématiques... | Pixabay

C’est désormais démontré : progresser dans la maîtrise de la langue française influe positivement sur les résultats universitaires des étudiants « dans les disciplines aussi bien littéraires que scientifiques ». Tel est en effet l’enseignement d’une étude menée sur les performances des étudiants en première année d’économie et gestion des universités Paris-Est-Marne-la-Vallée et Lille 1 entre 2011 et 2014, publiée en ce mois de mai 2017 dans sa version finalisée.

« Une bonne syntaxe, une bonne grammaire ou une bonne orthographe aident à bien comprendre l’énoncé d’un problème de mathématiques, comme elles aident à le résoudre », résume Yannick L’Horty, professeur des universités et coauteur de cette étude du CNRS intitulée : « Faut-il encourager les étudiants à améliorer leur orthographe ? ». « Le résultat est clair : l’amélioration de la maîtrise de la langue peut produire des effets sensibles sur les résultats et peut être un vecteur de lutte contre l’échec », explique-t-il.

Un échantillon de quelque 849 étudiants a participé à cette « expérience contrôlée », en étant d’abord informés en début d’année universitaire de la possibilité d’utiliser la plate-forme en ligne du Projet Voltaire pour améliorer leurs compétences orthographiques, et en les incitant à le faire. Ensuite, les étudiants ont été divisés en deux groupes tirés au sort : seulement la moitié d’entre eux a été fortement encouragée à utiliser le logiciel de perfectionnement en orthographe, grammaire et syntaxe, par des rappels réguliers de leurs enseignants sur l’importance d’une bonne maîtrise de la langue et en mettant en exergue que les notes obtenues sur la plate-forme seraient prises en compte pour l’évaluation finale.

Les étudiants les plus sensibilisés ont effectivement passé plus de temps que les autres sur la plate-forme, améliorant davantage leurs notes en « littératie » mais aussi dans les autres matières : leur moyenne générale est supérieure d’un demi-point à un point à celle des étudiants de l’autre groupe. « Le plus grand bénéfice est obtenu par ceux dont le niveau de départ était le plus faible », détaille Yannick L’Horty.

C’est la première fois que le lien entre la « littératie » et la réussite est étudié dans l’enseignement supérieur, le sujet ayant jusqu’alors été limité à l’école primaire et secondaire. Pour M. L’Horty, « cette étude montre qu’avec peu de moyens, on peut réutiliser des données pour produire des résultats intéressants sur d’autres questions liées à l’échec, comme par exemple l’orientation ».