Crise à FO : Pascal Pavageau annule deux réunions d’instance
Crise à FO : Pascal Pavageau annule deux réunions d’instance
Par Raphaëlle Besse Desmoulières, Michel Noblecourt
La grave crise interne provoquée par la publication d’un fichier recensant 127 cadres de Force ouvrière met à mal l’autorité du secrétaire général de la confédération.
Pascal Pavageau, secrétaire général de la confédération, le 30 août. / BERTRAND GUAY / AFP
Nouvel épisode dans la grave crise que traverse Force ouvrière. Pascal Pavageau, secrétaire général de la confédération, a décidé d’annuler deux réunions des instances internes qui devaient se tenir cette semaine. Selon nos informations, le bureau confédéral qui devait se tenir, lundi 15 octobre, a été supprimé. Il en est de même de la réunion de la commission exécutive confédérale – sa direction élargie de 35 membres – qui devait se retrouver mercredi. Selon plusieurs membres de la commission, cette instance se réunira tout de même mercredi, en dehors de la présence de M. Pavageau. Et elle pourrait décider de la convocation du comité confédéral national (CCN) – le parlement de FO, qui réunit les représentants des fédérations et des unions départementales –, seul à même, selon l’article 9 des statuts, de révoquer le secrétaire général.
« Grave erreur »
Cela fait suite aux révélations du Canard enchaîné, le 10 octobre, concernant l’existence d’un fichier recensant 127 cadres de FO avec des annotations allant de leur préférence politique à leur orientation sexuelle supposée. Un document constitué par des proches de M. Pavageau en octobre 2016, alors que celui-ci était le seul candidat en lice pour succéder deux ans plus tard à Jean-Claude Mailly. Certains se voient affublés de qualificatifs comme « niais », « bête », « franc-maçon », « ordure », « peu courageux », « complètement dingue », « non fiable », « collabo » ou encore « trop intelligent pour entrer au bureau confédéral ». Interrogé par l’hebdomadaire satirique, M. Pavageau avait reconnu l’existence du fichier et expliqué qu’il s’agissait d’une « belle connerie » et d’une « grave erreur ». « Pour moi, c’était un mémo, de l’ordre de la prise de notes, mais je n’avais jamais vu ni avalisé le résultat, qui est truffé d’âneries, de raccourcis », avait-il commenté. Vendredi, la CNIL a effectué un contrôle « sur place et sur pièces » au siège de la confédération, avenue du Maine à Paris.
Lundi, Laurent Berger, secrétaire général de la CFDT, a incité son homologue à quitter ses fonctions. « Je crois qu’il y a un malaise avec le secrétaire général de FO, mais ça lui appartient. (…) Lorsqu’on n’est pas conforme à l’éthique qu’on s’est fixée, il faut partir », a-t-il déclaré sur Franceinfo. « C’est aux responsables de FO de prendre une décision », a, cependant, rappelé M. Berger qui a critiqué « une pratique condamnable qui n’existe pas à la CFDT ». « Ça m’hallucine, ce fichier est incroyable, a ajouté le responsable. Le syndicalisme, c’est du respect, de la fraternité. »