A San Francisco, deux patrons de la high-tech s’écharpent au sujet d’une taxe pour aider les sans-abri
A San Francisco, deux patrons de la high-tech s’écharpent au sujet d’une taxe pour aider les sans-abri
LE MONDE ECONOMIE
Un projet de loi prévoit d’instaurer une taxe pour les grandes entreprises. Marc Benioff, le patron de Salesforce est pour, Jack Dorsey, celui de Twitter et de Square, est contre.
Un SDF, à San Francisco, le 6 janvier 2016. / Beck Diefenbach / REUTERS
A San Francisco, la crise des sans-abri est au centre de la campagne pour les prochaines élections municipales. Vendredi 12 octobre, le sujet a donné lieu à une confrontation publique entre deux des personnalités les plus symboliques de la scène high-tech de l’autoproclamée capitale mondiale de l’innovation : Marc Benioff, le directeur général de Salesforce, et Jack Dorsey, le patron de Twitter et de Square.
Les deux milliardaires se sont écharpés sur Twitter au sujet de la proposition C, un projet de loi qui sera soumis au vote le 6 novembre. Celui-ci prévoit d’instaurer une nouvelle taxe pour les grandes entreprises, qui pourrait rapporter jusqu’à 300 millions de dollars (260 millions d’euros) par an, afin de financer les services d’aide aux sans-abri. Le premier est pour. Le second est contre. De quoi énerver M. Benioff : « Quels programmes destinés aux sans domicile fixe financez-vous ? », demande-t-il à M. Dorsey.
« Il y a des gens dans cette ville qui veulent donner et d’autres qui ne veulent pas », a-t-il ajouté, lundi 15 octobre, lors d’une conférence organisée par le magazine Wired. M. Benioff et Salesforce sont connus pour leurs dons. Le plus important : 250 millions de dollars pour construire un hôpital pour enfants à San Francisco. « A un moment, la philanthropie ne suffit plus », estime-t-il.
San Francisco compte pas moins de 70 milliardaires et affiche un taux de chômage de 2,4 %. Pourtant, la pauvreté est présente à tous les coins de rue du centre-ville. Selon les statistiques officielles, 7 500 personnes sont sans domicile fixe, dont 1 300 enfants. « La ville n’a pas assez d’argent pour faire face à la situation actuelle », avance M. Benioff. Les finances publiques sont en effet dans le rouge. La faute, estime une partie de la classe politique, aux cadeaux fiscaux accordés par le précédent maire aux sociétés high-tech. Et notamment à Twitter et à Square.
M. Dorsey justifie son opposition à la proposition C par sa confiance en London Breed, la nouvelle maire de San Francisco. L’élue, dont le poste ne sera pas remis en jeu en novembre, s’est prononcée contre ce texte, en raison de ses impacts à long terme sur l’activité économique et sur l’attractivité de la ville. Elle souligne également un autre problème : en décuplant ses programmes d’aides, la municipalité va attirer de nouveaux sans-abri. Elle milite ainsi pour une réponse au niveau de l’Etat de Californie.
San Francisco n’est pas un cas isolé. A Seattle, la crise des sans-abri avait conduit les élus locaux à instaurer une taxe annuelle de 275 dollars par salarié pour les principaux employeurs de la ville. Votée à l’unanimité en mai, la loi a été abrogée à peine un mois plus tard par le même conseil municipal. Sous la pression d’Amazon.
Si elle est adoptée, la proposition C ne pourra pas être bloquée par les élus de San Francisco. Selon les derniers sondages, deux tiers des électeurs prévoient de voter pour.