Budget italien, Brexit… malgré la montée des risques, la BCE ne cède pas à la sinistrose
Budget italien, Brexit... malgré la montée des risques, la BCE ne cède pas à la sinistrose
Par Marie de Vergès
La Banque centrale européenne a confirmé, jeudi, l’arrêt, à la fin 2018, de ses rachats de dettes. L’institut monétaire ne veut pas interrompre le durcissement progressif de sa politique.
Mario Draghi, président de la Banque centrale européenne, à Francfort, le 13 septembre. / DANIEL ROLAND / AFP
On ne change rien ! La Banque centrale européenne (BCE) maintient son diagnostic économique et le cap de sa politique monétaire malgré les nuages qui s’accumulent, assombrissant l’horizon conjoncturel de la zone euro. Jeudi 25 octobre, à l’issue du comité de politique monétaire, son président Mario Draghi a confirmé l’arrêt, à la fin 2018, des rachats de dettes publiques et privées réalisés par l’institution. Ceux-là ont déjà été réduits, en octobre, de 30 à 15 milliards d’euros mensuels.
Certes, les taux resteront au plus bas, « au moins » jusqu’à l’été 2019. Mais l’institution ne compte pas interrompre le durcissement très progressif de sa politique, en dépit des aléas. Pourtant, la liste des périls s’étoffe, de la vulnérabilité de l’Italie, au moment où Rome et Bruxelles s’empoignent sur le budget, à la menace d’un Brexit sans accord, en passant par les tensions commerciales et le regain de volatilité sur les marchés financiers.
Des risques « globalement équilibrés » pour la conjoncture, a cependant jugé la BCE. Mario Draghi et ses pairs ont choisi de ne pas dramatiser cette formule consacrée, présente dans tous les communiqués de l’institution depuis dix-huit mois. L’institution de Francfort reconnaît bien une « dynamique un peu plus faible » mais pas un « retournement ». Et ne fait même pas figurer l’Italie parmi les menaces principales susceptibles d’affecter l’économie.
Vulnérabilités des pays émergents
La Commission européenne a rejeté mardi le budget de l’Italie, l’une des plus grosses économies de l’eurozone. Depuis, Rome a vu ses taux d’emprunt se tendre sur les marchés, mais le mouvement ne s’est pas propagé aux autres membres de l’Union monétaire. « Pour le moment, il n’y a pas contagion et dans ce cas, il n’y a pas de sujet pour la BCE », fait remarquer Frederik Ducrozet, économiste chez Pictet.
Pressé de questions, l’Italien Draghi s’est permis quelques suggestions franches à l’égard de Rome. Pour apaiser la situation, mieux vaut « baisser le ton et ne pas questionner le cadre institutionnel de l’euro », a-t-il conseillé. Pour le reste, « c’est une discussion budgétaire » à laquelle la BCE ne participe pas, a souligné le patron de l’institution, se disant « confiant » sur la capacité des deux parties à trouver un accord.
Même aplomb concernant les négociations entre le Royaume-Uni et l’Union européenne, dans l’impasse alors que l’échéance du Brexit se rapproche. « Une position de bon sens sera trouvée pour éviter un impact sur les marchés financiers », a estimé M. Draghi.
Ce dernier a malgré tout énuméré une liste d’incertitudes à surveiller, parmi lesquelles les vulnérabilités des pays émergents et la montée du protectionnisme. Ce contexte mondial commence à peser sur la dynamique. Freinée par une baisse des exportations, la croissance de l’activité privée en zone euro a ainsi atteint, en octobre, son plus bas niveau depuis deux ans, selon l’indice PMI publié mercredi 24 octobre par le cabinet Markit. Pour autant, de façon générale, « les indicateurs restent supérieurs, et certains même largement supérieurs, aux moyennes historiques », a insisté le banquier central.