Dix-neuf défenseurs des droits humains arrêtés en Egypte, selon Amnesty International
Dix-neuf défenseurs des droits humains arrêtés en Egypte, selon Amnesty International
Le Monde.fr avec AFP
Le « climat hostile » à l’égard de la société civile qui prévaut dans le pays aurait poussé une importante ONG locale à suspendre ses activités.
Le président égyptien, Abdel Fattah al-Sissi, à Sotchi, en Russie, le 17 octobre 2018. / PAVEL GOLOVKIN / AFP
Au moins dix-neuf avocats et militants des droits humains, huit femmes et onze hommes, ont été arrêtés en Egypte, a indiqué Amnesty International, jeudi 1er novembre. L’organisation ajoute que ces arrestations ont poussé une importante ONG locale, la Commission égyptienne des droits et libertés (ECRF), à suspendre ses activités, invoquant le « climat hostile » à l’égard de la société civile qui prévaut aujourd’hui dans le pays.
Parmi les personnes arrêtées figure Hoda Abdelmoneim, une avocate âgée de 60 ans qui avait été membre du Conseil national des droits humains. Les forces de sécurité ont fait irruption à son domicile, qu’ils ont saccagé, avant de l’emmener vers une destination inconnue, poursuit Amnesty International.
Proches des Frères musulmans
L’avocat Abdel Moneim Abdel Maqsoud avait auparavant fait état de l’arrestation, jeudi à l’aube, de huit femmes et trois hommes proches des Frères musulmans, dont Aïcha Khaïrat Al-Chater – fille de Mohamed Khaïrat Al-Chater, l’un des dirigeants de la confrérie – et Hoda Abdelmoneim. Le mari d’Aïcha, Mohamed Abou Horayra, un avocat se présentant comme défenseur des droits humains, a également été interpellé. Selon Me Abdel Maqsoud, ces personnes devraient être déférées devant le parquet dans les prochaines heures.
Condamné dans plusieurs affaires, Mohamed Khaïrat Al-Chater est actuellement détenu, comme nombre d’anciens responsables des Frères musulmans. Richissime financier de la confrérie, il avait initialement été choisi pour en porter les couleurs dans la campagne présidentielle de 2012, avant d’être disqualifié en raison d’une condamnation ancienne. Mohamed Morsi l’avait alors remplacé comme candidat des Frères musulmans, et avait été élu. Mais après un an au pouvoir il avait été destitué par l’armée à la faveur de manifestations de masse.
Le nouvel homme fort du pays, le maréchal Abdel Fattah Al-Sissi, qui était le chef de l’armée lors de la destitution de M. Morsi et est devenu président à son tour en 2014, a lancé contre la confrérie et ses partisans une sévère répression.