« Je programme depuis toujours de manière intuitive, au début pour m’amuser, puis en tant qu’ingénieur dans des entreprises innovantes, pour enfin réaliser des œuvres d’art génératives. » Antoine Schmitt n’est pas le premier ingénieur devenu artiste, il ne sera certainement pas le dernier. Au plus grand plaisir des amateurs d’art.

Adolescent, il découvre les ordinateurs par l’intermédiaire de son père, chercheur en mathématique. A 16 ans, il programme ses premiers jeux. Nous sommes en 1977, soit seulement cinq ans après la commercialisation du premier jeu vidéo d’arcade : Pong. Le bac en poche, il s’inscrit à Télécom ParisTech (ex-Ecole nationale supérieure des télécommunications), puis, diplômé ingénieur, il intègre Act Informatique, société que l’on qualifierait aujourd’hui d’innovante. Il y fait de l’intelligence artificielle et… de l’art numérique. En 1989, il y fait sa première incursion en tant que programmeur, assistant techniquement l’artiste et cousin du dirigeant d’Act Informatique, Jacques Serrano.

Antoine Schmitt vit aujourd’hui de son art. Productions pour des festivals internationaux, expositions dans des galeries spécialisées, à Paris et à Tel-Aviv, performances live : ses œuvres sont protéiformes. Les peintres utilisent de la peinture, lui représente le monde en écrivant des programmes. Tel un chorégraphe, il agit sur des pixels. Ni figuratives ni narratives, ses œuvres sont des univers simulés habités de pixels intelligents.

Aux origines de la musique concrète

Des ingénieurs décidant un jour de devenir artistes, jusqu’à parfois révolutionner leur domaine, ce n’est pas nouveau. Ce fut le cas de trois figures majeures de la création artistique : Pierre Schaeffer, Iannis Xenakis, Boris Vian.

Polytechnicien puis étudiant à Supélec, l’Ecole supérieure d’électricité, Pierre Schaeffer est à l’origine de la musique concrète, née de la rencontre entre la radio et la musique. Après une brève carrière d’ingénieur des télécommunications à Strasbourg, il est détaché à la RTF (Radiodiffusion-télévision française) à Paris où il travaille sur l’écoute et l’acoustique à partir de 1936. Il va ensuite créer la Radiodiffusion de la France d’outre-mer et le Service de recherche de l’ORTF. Explorateur du potentiel de la radio, pionner de l’introduction de la technologie dans la composition, il va inventer un art sonore, la musique concrète composée de toutes sortes de sons enregistrés et vouée à être diffusée et non jouée.

De douze ans son cadet, Iannis Xenakis, polytechnicien grec, entre à la fin de ses études à l’atelier Le Corbusier comme ingénieur. Il y travaillera jusqu’en 1957. Tout au long de sa vie, le compositeur va associer ses recherches architecturales aux mathématiques et à la musique, sa passion. Il est le premier européen à utiliser un ordinateur pour composer et est l’inventeur de la musique stochastique, une combinaison de sons et de silence. Il collaborera d’ailleurs avec Pierre Schaeffer au sein du Groupe de recherches de musique concrète créé par son aîné. La littérature n’est pas en reste.

Une révélation artistique tardive

Quant à Boris Vian, il était diplômé de l’Ecole centrale, en 1942, et travailla à l’Association française de normalisation (Afnor), section verrerie, pendant quatre ans. Il la quitte peu de temps après avoir signé son premier contrat d’auteur avec les éditions Gallimard pour se lancer dans une carrière prolifique.

Chez Antoine Schmitt, la révélation artistique s’est faite tardivement, contrairement à sa passion pour la programmation. C’est en 1989, après un parcours somme toute classique dans les télécommunications, qu’il découvre l’art de Kasimir Malevitch au Rijksmuseum d’Amsterdam – son « premier choc artistique », dit-il –, et l’art contemporain, via l’artiste Alberto Sorbelli avec qui il cosignera des œuvres.

Repéré par la société NeXT fondée par Steve Jobs, il part s’installer dans la Silicon Valley en Californie. « J’étais arrivé au maximum imaginable, ingénieur-programmeur-chercheur engagé pour inventer les systèmes du futur. Et pourtant j’étais frustré », dit-il. En 1994, il rentre en France où il alterne alors missions de programmation dans le champ culturel et créations artistiques. Après des tentatives en dessin, peinture, photographie et vidéo, il se rend compte qu’il a, à portée de main, le matériau idéal pour explorer le mouvement. En 2001, le festival berlinois Transmediale lui remet un prix. Sa carrière est lancée.

CLÉS

Generative Landscape – Exposition collective à la galerie Charlot (jusqu’au 27 décembre) http://www.galeriecharlot.com

Open Codes Browser-based – Exposition collective au ZKM de Karlsruhe, Allemagne (jusqu’au 6 janvier)

Chronostasis – En tournée jusqu’au 6 décembre www.antoineschmitt.com

« Le Monde » organise son Salon des grandes écoles les 10 et 11 novembre

La 13e édition du Salon des grandes écoles (SaGE) aura lieu samedi 10 et dimanche 11 novembre à Paris, aux Docks, Cité de la mode et du design (13e arrondissement), de 10 heures à 18 heures.

Plus de cent cinquante écoles de commerce, d’ingénieurs, IAE, IEP, écoles spécialisées et prépas y seront représentées, permettant d’échanger sur les différents programmes et leur accessibilité (post-bac, post-prépa ou après un bac + 2, + 3 ou + 4). Lycéens, étudiants et parents pourront également assister à des conférences thématiques animées par des journalistes du Monde Campus. Une équipe de vingt « coachs » pourra également conseiller lycéens, étudiants et parents pour définir leur projet d’orientation, préparer les concours ou rédiger leur CV.

L’entrée en sera gratuite, la préinscription en ligne est conseillée pour accéder plus rapidement au Salon. Liste des exposants et informations pratiques sont à retrouver sur le site Internet du SaGE.