Un tribunal impose un test ADN à Albert II, l’ex-roi des Belges
Un tribunal impose un test ADN à Albert II, l’ex-roi des Belges
Par Jean-Pierre Stroobants (Bruxelles, Correspondant)
Cette action permettra à Delphine Boël de savoir si l’ex-souverain est son père biologique ou non.
Delphine Boël, à Bruxelles, le 21 février 2017. / FRANCOIS LENOIR / REUTERS
L’ancien roi des Belges Albert II devrait se soumettre, avant trois mois, à un test génétique afin de déterminer s’il est, ou non, le père biologique de Delphine Boël, une artiste quinquagénaire qui se bat depuis des années pour forcer l’ancien chef de l’Etat à admettre cette paternité.
La décision de la cour d’appel de Bruxelles, prise le 25 octobre, a été dévoilée le 5 novembre par les avocats de la plaignante. Elle est le énième épisode d’un feuilleton déjà ancien et plus qu’embarrassant pour la monarchie : il contraste, en effet, avec les valeurs empreintes de générosité et de conservatisme qu’elle est censée incarner.
Un autre test ADN a déjà émaillé cette affaire : celui auquel s’est soumis Jacques Boël en 2013. Il avait confirmé que cet homme d’affaires, marié à Sybille de Sélys Longchamps, une ancienne conquête de celui qui était à l’époque le prince de Liège et frère du roi Baudouin, n’était pas le père biologique, ou légal, de Delphine. Celle-ci, afin de faire reconnaître celui qu’elle estime être son véritable père, avait introduit une action en désaveu de paternité de M. Boël.
Un tribunal de première instance avait étonnamment jugé sa requête « recevable et non fondée », estimant que M. Boël n’était peut-être pas le père biologique de Delphine mais qu’un lien filial le rattachait cependant à celle-ci. La décision de la cour d’appel indique, en revanche, que « ni en droit ni en fait » cette paternité de Jacques Boël ne peut être établie, souligne Me Marc Uyttendaele, l’avocat de l’artiste. Et que celle-ci a donc le droit d’obtenir l’expertise génétique qu’elle réclame.
Demandes refusées
Cette grande première dans l’histoire de la royauté devrait avoir lieu dans un hôpital universitaire. Delphine Boël et sa mère, qui soutient le combat de sa fille, se soumettront également au test.
A condition, cependant, qu’Albert II l’accepte, lui qui a refusé jusqu’ici toutes les demandes de sa fille présumée. Lundi, l’avocat d’Albert II a indiqué qu’il examinait avec son client l’éventualité d’un pourvoi en cassation. Les défenseurs de Mme Boël estiment, quant à eux, qu’un tel pourvoi pourrait concerner la contestation de paternité mais pas le test génétique, « affirmation sereine et forte des principes selon lesquels il faut toujours privilégier les droits de l’enfant », estime Me Uyttendaele. Un éventuel refus royal pourrait cependant servir la défense de Mme Boël : il ne manquerait pas d’être interprété comme un aveu.
Albert II avait, au début des années 2000, envisagé son divorce d’avec Paola Ruffo di Calabria, alors que le couple royal traversait, dans les années 1970, une crise. Les conditions fixées à Albert pour ce divorce (renoncer au trône, à sa « dotation » financière et à la possibilité, pour sa nouvelle épouse, de rencontrer les trois enfants qu’il avait eus avec Paola) l’avaient toutefois dissuadé.
Mme de Sélys avait, elle, accepté un exil temporaire en Grande-Bretagne, pour ne pas mettre la monarchie en péril. « Le sort du pays était plus important que le mien », allait-elle expliquer plus tard. Au palais de Laeken, Delphine Boël ne bénéficie que du soutien du turbulent prince Laurent, le fils cadet d’Albert II.