F1 : le Grand Prix du Brésil sous haute surveillance
F1 : le Grand Prix du Brésil sous haute surveillance
Le Monde.fr avec AFP
Des mesures spécifiques de sécurité sont mises en place ce week-end autour du circuit d’Interlagos par les autorités brésiliennes et les écuries à la suite des violences survenues il y a un an.
Le circuit d’Interlagos, à Sao Paulo (Brésil), au cœur de l’habitat urbain. / FFA
« Honnêtement, nous ne sommes pas inquiets », assurait au Monde un représentant de Formula One Group, propriétaire de la F1 mondiale, quelques jours avant le Grand Prix du Brésil, qui se court dimanche 11 novembre à Sao Paulo. Alors, oubliés les gros problèmes de sécurité autour du circuit d’Interlagos, qui, il y a un an, avaient ébranlé les paddocks ? Pas vraiment. Mais, cette année, organisateurs, instances locales, internationales et équipes ont pris des mesures spécifiques pour éviter de se retrouver confrontés au même scénario que l’an passé.
En novembre 2017, les trois journées de présence sur le circuit brésilien avaient été marquées par une multiplication d’actes violents. Le vendredi, un minibus de l’équipe Mercedes avait été braqué par des truands armés à la sortie du circuit : ils avaient dérobé des biens « précieux », sans blesser personne. Des membres de l’équipe Williams et des officiels de la Fédération internationale de l’automobile (FIA), faisant partie des véhicules ciblés, s’en étaient tirés à la faveur d’un feu de signalisation passé opportunément au vert.
Itinéraire sécurisé
Le samedi soir, un nouvel incident avait été signalé par Ruth Buscombe, ingénieure chez Sauber, sur Twitter, à 1 h 10 du matin (« On vient d’être percutés par une voiture qui essayait de nous stopper, avec une autre devant ») et le dimanche au matin, le paddock apprenait que des personnels de Pirelli avaient échappé à une tentative de braquage. Face à cette accumulation d’actes violents, la FIA avait sommé les instances locales de sécuriser les lieux et obtenu une « protection policière fortement renforcée pour le reste de l’événement ».
Pour l’édition 2018, le conseil mondial du sport automobile de la FIA a pris les choses en main dès décembre 2017. Chargé du dossier, le vice-président de la FIA, le Mexicain José Abed, a rencontré le commandant de la police d’Etat et le chef du cabinet du gouverneur de Sao Paulo. Les zones à risques ont été identifiées.
En septembre, une délégation de la FIA est venue sur place faire le point avec le promoteur de l’événement et la policia militar, la police nationale. Il a été décidé que cette dernière serait informée du calendrier de travail de toutes les parties prenantes du Grand Prix 2018 travaillant sur la piste, et que le principal itinéraire qui relie le circuit aux hôtels sera sécurisé.
Parallèlement, les journalistes ont reçu une liste de recommandations « confidentielles ». Parmi elles, des consignes de bon sens, comme ne rien laisser de valeur visible dans les voitures, ne rien porter qui permette d’être identifié comme membre de la caravane formule 1, rouler portes et fenêtres fermées, et de jour le plus possible.
Vêtements normaux
Chaque écurie a également pris des mesures spécifiques. « Parallèlement aux dispositifs améliorés en place, l’équipe prend ses propres mesures de sécurité », explique-t-on ainsi chez McLaren, où, soulignant que « la sécurité du personnel est primordiale », on ne souhaite pas en dire plus, « pour des raisons opérationnelles ».
Si le fabricant de pneus Pirelli a choisi d’anticiper et d’effectuer ses essais de pneumatiques en avance, à la fin d’octobre dès l’issue du Grand Prix de Mexico, chez Racing Point Force India on déclare avoir opté, notamment, pour des déplacements dans des « bus ne portant pas nos couleurs ». « Et dans les bus, nous portons des vêtements normaux », précise Otmar Szafnauer, le patron de l’équipe.
Des directives de discrétion qui sont appliquées également chez Renault F1. « On n’a jamais subi d’attaques : on touche du bois pour que cela dure. Peut-être parce que l’on a une usine à Curitiba [l’usine Ayrton-Senna, à 400 km au sud de Sao Paulo], on a pris des dispositions qui fonctionnent bien », précise un proche de la sécurité, sans fanfaronner pour autant. « Il n’y a pas deux cas d’agression identiques et le Brésil n’est pas le seul pays à risque. » Ce week-end, « on va prier pour qu’il n’arrive rien ».
Le Brésil dans le top 10 des pays les plus violents
En 2017, 63 880 homicides ont été recensés au Brésil, soit une hausse de 3,7 % par rapport à 2016. Avec un ratio de 31 homicides pour 100 000 habitants, le pays est devenu l’un des dix plus violents au monde, selon un rapport de l’ONG Forum brésilien de la sécurité publique publié le 9 août. La moyenne mondiale se situe à 7,5 homicides pour 100 000 habitants. A Sao Paulo, Etat le plus riche du pays mais aussi l’un des plus inégalitaires avec ses 42 milliardaires et ses bidonvilles, ce taux est de 10,7 pour 100 000.