Huit jeux vidéo inspirés de la première guerre mondiale
Huit jeux vidéo inspirés de la première guerre mondiale
Par William Audureau, Corentin Lamy
Abondamment traitée par la littérature et le cinéma, la guerre 1914-1918 inspire de plus en plus d’expériences vidéoludiques, du banal jeu d’action aux expériences plus marquantes.
« Soldats inconnus : mémoires de la grande guerre », le plus touchant
(Jeu d’aventure français, 2014, Ubisoft, sur Android/iOS/PC/PS3/PS4/Switch/Xbox 360/Xbox One)
« Soldats inconnus » s’en remet à un style graphique à la Tardi pour évoquer la Grande Guerre, de manière humaine, drôle et touchante. / Ubisoft Montpellier
L’histoire d’un couple franco-allemand séparé par le conflit, raconté à travers une galerie de personnages hauts en couleur – cuistot, aviateur, infirmière ou encore berger allemand. Avec sa patte à la Tardi et son ton plein de tendresse, d’humour et d’humanité, le jeu d’aventure d’Ubisoft Montpellier est l’une des expériences consacrée à 14-18 la plus marquante.
« Battlefield 1 », le plus spectaculaire
(Jeu de tir suédois, 2016, Electronic Arts, PC/PS4/Xbox One)
Difficile de faire plus hollywoodien que « Battlefield 1 », avec son monumentalisme, son action effrenée, ses cieux dramatiques. / DICE
Dans la plus grande superproduction consacrée à la première guerre mondiale, tanks et coucous d’époque côtoient des chevaux, des pièces de campagne et des mortiers, dans un amalgame militaire qui tient plus de l’art du cocktail que de la fidélité historique. Loin de l’expérience des poilus (d’ailleurs absents du jeu de base), les différents lieux de bataille brillent par leur architecture ludique, du chaos urbain d’Amiens en ruines et ses lignes de tir obliques, aux toits plats embusqués de la cité orientale de Suez, en passant par les recoins sombres d’un château de Chantilly propice aux guets-apens.
« Victoria II », le plus sophistiqué
(Jeu de gestion suédois, 2010, PC)
Dans la veine des jeux de grande stratégie, « Victoria II » vous place face à une carte du monde. / Paradox Interactiv
La rencontre entre les cours d’histoire, la série Civilization et l’époque des grands empires, dont la Grande Guerre a été la conclusion funeste. Plutôt que de plonger le joueur dans les tranchées de 1914-1918, le jeu des Suédois de Paradox Interactive (Europa Universalis) le place à la tête d’une monarchie absolue à choisir parmi 200 pays, engagée dans la conquête du monde de 1835 au début de la seconde guerre mondiale. Une simulation politique, sociale, économique et militaire d’une rare sophistication, pour ceux qui aiment réécrire l’histoire tout en s’intéressant à sa complexité.
« 1916 – Der Unbekannte Krieg », le plus cauchemardesque
(Jeu d’horreur danois, 2011, Kriegsgraben und Stormvogel, PC)
Surréaliste, « 1916 » mêle l’exploration lugubre de tranchées endeuillées et l’apparition sauvage de raptors monochromes. / Kriegsgraben und Stormvogel
Ce jeu étudiant allemand est une expérience fantasmagorique unique, avec son noir et blanc volontairement parasité, son dédale de tranchées oppressantes, envahies d’improbables raptors et de spectres lugubres. Ce cauchemar d’une dizaine de minutes est une expérience unique, à l’ambiance sonore particulièrement travaillée, avec sa musique d’époque, la sirène qui retentit et les râles essoufflés du héros.
« Verdun », le plus rugueux
(Jeu de tir tactique néerlandais, 2015, M2H/BlackMill Games, Linux/Mac/PC/PS4/Xbox One)
La production des Néerlandais de M2H revendique un certain réalisme visuel et militaire – même si ses parties entre joueurs virent vite à l’anarchie, loin de la guerre des tranchées. / M2H Games
Sortie un an avant Battlefield 1, cette production très artisanale est bien plus modeste, voire archaïque, techniquement. Mais elle restitue les guerres de tranchées avec un peu plus de réalisme dans les décors et les accessoires, quitte à recréer l’inconfort de fusillades équipé d’un masque à gaz. Ses joutes par équipes entre joueurs indisciplinés demeurent toutefois une recréation très fantaisiste de ce qui fut, en réalité, une guerre d’attente. Une suite consacrée au front de l’Est, Tannenberg, est sortie en 2017.
« Red Baron », le plus rétro
(Jeu de combat aérien américain, 1980, arcade)
Plus vieille adaptation de la première guerre mondiale, « Red Baron » charie une esthétique typique du tout début des années 1980. / Atari
Avouons-le : le joueur de Red Baron en apprendra moins à propos de l’histoire que de l’histoire du jeu vidéo. Premier titre à mettre en scène la Grande Guerre, il s’inscrit dans la veine des pionniers du jeu de tir en 3D filaire, comme Battlezone, également d’Atari, sorti la même année. On y joue un biplan à l’assaut de zeppelins, dans un univers monochrome quasi abstrait. Son titre renvoie à Manfred von Richthofen, surnommé le « Baron rouge », un des plus fameux aviateurs de 14-18.
« 11-11 Memories Retold », le plus impressionniste
(Jeu narratif franco-britannique, 2018, PC, PlayStation 4 et Xbox One)
Jeu narratif quasi sans défi ni énigme, « 11-11 » fait le pari d’un récit à la fois humain, pacifiste et esthétisé de la Grande Guerre. / Dixiart
Qu’ont en commun Harry, jeune photographe canadien, et Kurt, ingénieur et père de famille allemande à la recherche de son fils ? A priori, rien, sinon de s’être retrouvés sur le champ de bataille alors que rien ne les y préparait. Mais quand le destin va les rapprocher, ils vont comprendre, avec le joueur, que les soldats ne sont que des hommes comme eux, au mauvais endroit, au mauvais moment. Pour tenter de retranscrire la violence psychologique de la guerre (et, probablement, pour maquiller les manques de moyens de la petite équipe de 15 personnes derrière le jeu), le studio montpelliérain Digixart Entertainment a fait appel à Aardman Animations, responsable des films Wallace et Gromit et de cette direction artistique unique, impressionniste.
« Sid Meier’s Ace Patrol », le plus léger
(Jeu de stratégie américain, 2013, PC)
« Ace Patrol » donne à la guerre un ton léger, presque inoffensif, caractéristique des jeux Sid Meier. / Firaxis Games
Jeune homme, Sid Meier était champion de Red Baron dans la salle d’arcade du coin. C’est ce qui l’a rapproché de John Stealey, le patron d’un studio américain culte des années 1980 et 1990, Microprose, et lui-même pilote émérite, qui lui permettra de créer la série qui allait le rendre célèbre : Civilization. C’est donc tout naturellement qu’une vingtaine d’années plus tard, il revient à ses premières amours avec Ace Patrol, dans lequel s’affrontent de vieux coucous de la première guerre mondiale. Comme dans Civilization, on y manœuvre ses petites troupes, chacun son tour, sur un champ de bataille quadrillé : c’est le seul rapport, tant Ace Patrol est mignon, assez simple (voire simpliste) et pensé pour de courtes sessions de jeu.