« Dieux du vent et du tonnerre », par Tawaraya Sotatsu, paire de paravents à deux panneaux, encre et couleurs sur un fond de feuille d’or sur papier. / MUSÉE CERNUSCHI

Il ne faut pas tarder pour se rendre au Musée Cernuschi, en bordure du parc Monceau dans le 8e arrondissement de Paris. Le 26 novembre, il sera en effet trop tard pour y découvrir une rareté réalisée par le peintre Tawaraya Sotatsu (1570-1643) : une paire de paravents décorés de deux dieux, l’un du tonnerre, l’autre du vent, bondissant sur un décor doré à la feuille. Cette pièce, classée « trésor national du Japon », est l’un des joyaux de l’exposition Trésors de Kyoto, trois siècles de création Rinpa.

« Oiseau sur une branche de prunier », par Nakamura Hochu, paravent à six panneaux, couleurs sur feuille d’or. / MUSÉE CERNUSCHI

Proposée dans le cadre de Japonismes 2018, opération culturelle lancée avant l’été pour faire connaître en France la création nipponne et qui dure jusqu’en mars 2019, l’exposition est l’occasion de découvrir des œuvres qui n’ont quasiment jamais quitté leur pays d’origine. Elles sont, pour la plupart, tellement précieuses qu’une rotation est prévue tous les mois d’ici à la fin de la présentation, le 27 janvier 2019, afin de les protéger, notamment de la lumière. Les précieux paravents reprendront ainsi le chemin du temple Kennin-Ji de Kyoto dès la fin novembre. L’exposition sera par ailleurs fermée au public, entre les 10 et 14 décembre, afin de pouvoir procéder à un important échange de pièces.

Des artistes « épris de raffinement »

Conçue par Manuela Moscatiello, responsable des collections japonaises du Musée Cernuschi, avec les directeurs du Musée national d’art moderne et du Musée Hosomi de Kyoto, l’exposition réunit environ soixante œuvres réalisées par des artistes rattachés à la mouvance « Rinpa ». Un mouvement artistique et spirituel plus qu’une école, dont l’origine remonte au XVIIe siècle à Kyoto. Il est marqué par un style épuré, des couleurs vives, une forte présence de la nature, qui s’est transmis de génération en génération parmi les artistes jusqu’à aujourd’hui. « Les artistes Rinpa ne sont pas que des peintres. Epris de raffinement, ils ont une conception large de la notion d’art, explique Manuela Moscatiello. Pour eux, il n’y a pas de distinction entre beaux-arts et arts appliqués ».

« Le poète chinois Bai Juyi », par Ogata Korin, paravent à six panneaux, encre et couleurs sur papier. / MUSÉE CERNUSCHI

Iris, campanules, érables du Japon, bambous, cerisiers en fleurs, montagnes enneigées, papillons, oisillons... la nature irrigue peintures, gravures, paravents, éventails, céramiques et laques présentés au fil d’un parcours chronologique en quatre étapes : naissance du mouvement « Rinpa » au XVIe siècle avec Tawaraya Sotatsu et son contemporain Hon’ami Koetsu, nouvel élan aux XVIIe et XVIIIe siècles avec les artistes Ogata Korin et Ogata Kenzan, renouvellement aux XVIIIe et XIXe siècles avec Watanabe Shiko, Fukae Roshu et Nakamura Hochu, enfin héritage au XXe siècle avec Kamisaka Sekka.

« Cerisiers en fleurs au mont Yoshino », par Watanabe Shiko, paire de paravents à six panneaux, encre et couleurs sur fond de feuilles d’or sur papier. / MUSÉE CERNUSCHI

En complément de l’exposition, un espace pédagogique montre les matériaux – coquilles broyées, poudres minérales, feuilles d’or et d’argent – et les techniques utilisées par des artistes portés par l’ambition de faire entrer le beau dans la vie de tous les jours.

« Trésors de Kyoto, trois siècles de création Rinpa », Musée Cernuschi, 7, avenue Vélasquez, Paris 8e. Tous les jours sauf lundi, de 10 heures à 18 heures. Tarifs : 9 € (réduit 7 €). Dans le cadre de Japonismes 2018. Jusqu’au 27 janvier 2019. Catalogue publié aux éditions Paris Musées, 192 pages, 35 €.