Rosa Maria Da Cruz au tribunal lors du premier jour de son procès à la cour d’assises de Tulle, le 12 novembre 2018. / GEORGES GOBET / AFP

Le parquet général fait appel de la condamnation à cinq ans de prison, dont trois avec sursis, de la mère de Séréna, a annoncé, jeudi 22 novembre, le procureur de Tulle dans un communiqué. Rosa Maria Da Cruz avait dissimulé sa fille pendant deux ans dans le coffre de sa voiture, lui infligeant des privations à l’origine d’un handicap jugé irréversible.

Mme Da Cruz, 50 ans et mère de trois autres enfants, avait été condamnée le 16 novembre par la cour d’assises de la Corrèze, au terme de cinq jours de procès. L’avocat général avait requis huit ans de prison et la défense avait plaidé l’acquittement.

Coupable de violences

La mère de famille a été reconnue coupable de violences suivies de mutilation ou infirmité permanente sur mineure de 15 ans par ascendant, privation de soins ou d’aliments compromettant la santé d’un enfant par ascendant et dissimulation ayant entraîné atteinte à l’état-civil d’un enfant.

Dans cette affaire de maltraitance, elle encourait vingt ans de réclusion, en raison du caractère « permanent » des séquelles de l’enfant. Séréna, qui aura sept ans ce week-end, vit en famille d’accueil depuis cinq ans. Elle souffre d’un « déficit fonctionnel à 80 % », un « syndrome autistique vraisemblablement irréversible » lié au confinement et à l’isolement, selon la dernière expertise mi-2016.

Séréna avait été découverte en octobre 2013 par un garagiste de Terrasson-Lavilledieu, en Dordogne. Il avait ouvert le coffre de la Peugeot 307 d’une cliente, qui attendait sur place les réparations, et y avait trouvé l’enfant, à côté d’un couffin cosy, nue et sale, dans un état de santé déplorable.

Déni de grossesse

Le procès a vu nombre d’experts, psychologues, psychiatres, gynécologue-obstétricien explorer la psyché de la mère, et plus généralement les troubles psychiques liés à la grossesse et maternité. La défense avait invoqué une « dissociation psychique », un « déni de grossesse » suivi d’un « déni d’enfant », qui l’avait conduite à maintenir l’enfant en vie, tout en lui infligeant maintes privations.

Selon les témoignages de la mère et d’enquêteurs, Séréna partageait son temps entre le coffre, ou l’arrière de la voiture, et une pièce au rez-de-sol de la maison familiale, où personne n’allait jamais. Ni le compagnon de Mme da Cruz, ni leurs trois autres enfants âgés, à l’époque, de 4, 9 et 10 ans, ne s’étaient aperçus de la grossesse ou de la présence de l’enfant.

L’avocate de Mme da Cruz, Chrystèle Chassagne-Delpech, avait salué le fait que sa cliente, à la peine aménageable, ferait « relativement peu de détention ». Pour elle, le jury « avait tenu compte de sa personnalité, du fait qu’il y a des enfants, et pas vraiment d’utilité à une peine extrêmement longue ». Tout au long du procès, des proches et même des experts avaient souligné la « bonne mère » que l’accusée était pour ses trois autres enfants, stables et parfaitement socialisés.

Rosa Maria da Cruz a également été déchue par la cour d’assises de toute autorité parentale sur Séréna.